Charal recrute avec le Pass-Ifria

Un parcours d'intégration de six mois alliant théorie et pratique.
Le groupe Bigard, premier transformateur de viande du secteur privé en France (4 milliards d'euros de chiffre d'affaires), s'est fixé un objectif d'accueillir, en 2015, 310 personnes sur le dispositif d'intégration en alternance Pass-Ifria. Sa filiale Charal (930 M€ de CA) en recevra 75 sur ses huit usines, contre 60 l'année précédente. Ce contrat de professionnalisation est développé en partenariat avec le réseau Ifria (Institut de formation régional de l'industrie alimentaire). Stéphane Fargeas, DRH de Charal, le définit comme « un parcours d'intégration de six mois qui permet de varier théorie et pratique, avec une formation rémunérée, pour envisager une évolution professionnelle rapide ». La montée en puissance du dispositif chez Charal tient à l'accélération des départs en retraite depuis 2013. « Nous avons beaucoup de départs dans le cœur du métier, le métier de couteau. C'est là où nous fournissons nos efforts », précise Stéphane Fargeas. La durée et la spécificité du Pass-Ifria ont séduit le DRH. « La formation de CAP Boucher n'est pas forcément adaptée à l'industrie. Et plus les formations en apprentissage sont longues, plus on rencontre de difficultés pour titulariser les personnes », observe-t-il.
Des tuteurs valorisésLe parcours d'intégration en alternance Pass-Ifria forme chez Charal des opérateurs de production de l'industrie des viandes. Encadrés par des tuteurs internes à l'entreprise et des formateurs de l'Ifria, les groupes de 10-12 personnes minimum suivent en salle des cours de culture générale de l'IAA (qualité, hygiène, sécurité, ergonomie, connaissance de l'entreprise, savoir-être) et en parallèle, acquièrent dans l'entreprise les bons gestes et les capacités propres au métier d'opérateur qualifié. Un parcours à la carte établi avec les encadrants leur permet de se former dans les ateliers d'abattage, de découpe, de désossage et de troisième transformation. La session s'achève par la remise d'un passeport européen de la formation, qui peut ensuite être approfondi par un CQP. Elle débouche dans la majorité des cas sur un CDI.
“ On avoisine les 80 % de titularisation en CDI
Pour Charal, le Pass-Ifria constitue une méthode de recrutement et d'intégration efficace d'opérateurs déjà formés à ses méthodes. Le site de Cholet, qui emploie 1 062 personnes, a embauché 41 jeunes via ce dispositif depuis son lancement. Le coût d'un Pass-Ifria revient à environ 15 000 euros pour l'entreprise. Son intérêt réside aussi dans la valorisation des tuteurs et la transmission de leur savoir. D'une moyenne d'âge de 25 ans, les jeunes formés sont principalement des demandeurs d'emploi, certains ayant déjà effectué des intérims ou des CDD chez Charal, d'autres étant complètement extérieurs à l'industrie de la viande. Ils tirent comme bénéfice du Pass-Ifria la polyvalence ” et une intégration réussie. « Pour l'ensemble du groupe Bigard, on avoisine les 80 % de titularisation en CDI à l'issue du Pass », indique Stéphane Fargeas. Pleinement convaincu que « le dispositif a fait ses preuves », le DRH de Charal va relancer, avec sa consœur de Fleury Michon Béatrice Bastide, l'Ifria dans les Pays de la Loire.
Le Pass-Ifria a été créé en 2005 par l'Ifria Bretagne et initié en partenariat avec le groupe Bigard (17 000 emplois sur 61 sites). De nombreux acteurs de la viande, Gad, SEAC, Socabaq, Doux, Gâtine Viandes, Sobeval… ont par la suite intégré des opérateurs qualifiés via ce dispositif. Lequel intéresse désormais d'autres secteurs de l'industrie agroalimentaire, tels la biscuiterie, la confiserie, les vins et spiritueux. Les entreprises Lu, Grands Chais de France, Lindt et Labeyrie ont ainsi recruté via le Pass-Ifria. Le dispositif tend aussi à se diffuser sur d'autres métiers que la production. Le DRH de Charal Stéphane Fargeas étudie la création d'un Pass-Ifria en responsable maintenance, un métier en forte tension.