On change d’époque
On a comme l’impression, depuis quelques semaines, que l’histoire agricole est en train de s’accélérer. Le gouvernement français a beau protester - avec raison - contre les concessions très excessives que les commissaires européens s’apprêtent à formuler à l’OMC dans le domaine de l’agriculture, le monde agricole semble s’être déjà fait à l’idée qu’un désengagement des soutiens publics est désormais inéluctable. « La protection de la Pac, c’est fini, l’intervention c’est fini ! La protection aux frontières ? Elle va s’effriter aussi !» a lancé jeudi Philippe Mangin, le président de Coop de France, lors d’un colloque organisé par la FCD et Interbev (lire ci-contre). Le directeur de cabinet du ministre de l’agriculture ne l’a pas démenti, reconnaissant « qu’à l’heure du désengagement de l’Europe et de l’OMC », il y avait urgence pour le monde agricole à « développer le fonctionnement interprofessionnel et la contractualisation». Les agriculteurs et leurs organisations sont-ils prêts et armés pour se battre dans un marché plus ouvert ? Jean-Michel Lemétayer assure que la reconnaissance de l’entreprise agricole est une avancée dans ce sens. Il y aura d’autres pas à franchir, comme la constitution de coopératives plus puissantes au niveau international où le développement plus large du dialogue interprofessionnel, que la FCD appelle de ses vœux. On a assisté cette semaine à un événement qui montre que l’agroalimentaire est capable de ce genre de révolution des esprits. Après 150 ans de fonctionnement artisanal, les ventes de vins des Hospices de Beaune ont été confiées cette année à Christie’s. Une révolution finalement acceptée par un négoce bourguignon pourtant réputé très conservateur.