Champagne : l’appellation arrive à saturation
Le Champagne vit une situation inédite : les 35 000 ha contenus dans l'aire géographique délimitée sont tous plantés. «Afin de remédier aux imperfections de la délimitation de la Champagne qui a été effectuée au début du XX e siècle, une procédure de révision a été engagée en 2003» , a rappelé hier le comité interprofessionnel du vin de Champagne. La Commission d'enquête de l'Inao a récemment présenté le rapport de révision de l'aire au syndicat de défense des vignerons qui l'a validé. Une liste de 40 nouveaux villages qui pourraient entrer dans l'appellation (portant ainsi leur nombre à plus 350) sera soumise dans les jours qui viennent au comité national. Mais «la Champagne ne peut pas s'agrandir pendant les huit ans à venir», a précisé Ghislain de Montgolfier, coprésident du Comité interprofessionnel du vin de Champagne. Un laps de temps nécessaire pour redéfinir notamment l'aire de production.
110 millions de bouteilles en réserve
D'ici là, la tension risque de s'intensifier sur le marché champenois. Au 31 juillet 2006 les stocks étaient de 1,123 milliard de bouteilles soit un peu plus du triple d'une année de commercialisation comme 2006 (330 millions de bouteilles ont été vendues sur la dernière campagne, soit +4,6% par rapport à 2005-2006). C'est peu pour le champagne et les prix du raisin augmentent, sans parler bien sûr de celui des vignes.
Mais « il faut savoir raison garder », temporise Pactrick Le Brun, co-président du comité interprofessionnel, qui en avant le dispositif de réserve individuelle expérimenté avec la vendange 2007. 110 millions de bouteilles de réserve qualitative sont aujourd'hui dans les caves (elles ne pourront être mises en vente qu'à partir de 2010). Pour l'instant la production arrive à répondre à la demande mais malgré « l'effet dollar », les expéditions vers certains pays émergents progressent fortement : +39% en Russie, +50% en Chine, +125% en Inde l'an passé. Un succès qui suscite contrefaçons, usurpations et usages abusifs contre lesquels le CIVC engage annuellement plus de 2 millions d’euros.