Champagne Céréales et Nouricia : fusion de deux groupes solides

Environ 800 millions d’euros de fonds propres : c’est ce qui fera du groupe coopératif issu de la fusion de Champagne Céréales et de Nouricia « le premier groupe céréalier français en termes de fonds propres », a déclaré le président de Champagne Céréales, Pascal Prot, le 19 décembre dernier. Le futur président du groupe (qui sera baptisé ce printemps) s’exprimait à l’issue des assemblées générales des deux coopératives de Champagne au cours desquelles les adhérents ont approuvé la fusion. Christian Rousseau, le président de Nouricia, coopérative voisine de l’Aube, a lui aussi évoqué les confortables fonds propres des deux coopératives. Futur président délégué à l’agriculture et à l’innovation, il soulignait que les deux groupes étaient «structurés » et « compétitifs ». Si les deux coopératives unies ne font pas le premier groupe collecteur de grains en France (cette palme revient à Axéréal, voir l’encadré ci-dessous), elles cumulent 53,39 % du capital de Siclaé, ce groupe agri-industriel d’environ 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires engagé dans la malterie (Malteurop), la meunerie (Nutrixo), la glucoserie-amidonnerie (Chamtor), la maïserie (Kalizea), la nutrition animale ainsi que la recherche et la cosmétique. Elles ont aussi une forte capacité à investir et une aptitude à la croissance externe.

Sur le plan agricole, Nouricia se distingue par un engagement fondamental dans l’agriculture durable. Le groupe est coté « A+ » par l’agence de notation extra-financière BMJ Ratings. Nouricia identifie et fait la promotion des pratiques respectueuses des sols et de l’eau. « Ses travaux s’appuient sur une plus large prise en compte de l’écosystème, avec la recherche d’une meilleure exploitation des équilibres biologiques et d’une meilleure maîtrise de la fertilisation des sols », peut-on lire sur son site internet. La coopérative expérimente avec le Syndicat des apiculteurs de l’Aube et la Fédération des chasseurs de Champagne-Ardenne des couverts végétaux favorables aux abeilles et à la faune. Autre faire-valoir : Nouricia est membre fondateur et actionnaire de l’Institut de l’agriculture durable.

Champagne Céréales met moins en avant ses principes agri-environnementaux que son investissement dans la sécurité alimentaire. Trente-cinq de ses plus gros silos d’expédition ont été certifiés Iso 22000 en juin dernier, l’objectif étant d’en certifier cinquante dans trois ans (soit 90 % des expéditions). Cette certification se prolonge dans les filiales de Siclaé spécialisées dans la maïserie et l’amidonnerie. Kalizea, nouvelle marque unifiée et nouveau nom de la société Champagne Maïs, s’est ouvert le marché des céréales pour le petit-déjeuner grâce à ses certifications Iso 22000 et GMP+ acquises en 2011, vante Champagne Céréales. La filiale Chamtor, dont la spécialité est le fractionnement des composants du blé en amidon, glucose, protéines, etc., s’ouvre « de nombreuses opportunités de marché », notamment dans les pays anglo-saxons, grâce à ses certifications Iso 22000 et FSSC 22000 (nouveau standard de sécurité alimentaire pour les industriels du secteur), depuis avril dernier.

Le développement des céréales biologiques est un des enjeux déclarés de Champagne Céréales, qui s’est s’associé en 2011 avec Nouricia et EMC2, dans le nord de la région Champagne-Ardennes, au sein d’une société commune. Cette société, Sévéal, mutualise les moyens productifs, logistiques et commerciaux des trois coopératives dans la qualité biologique. Et c’est un silo Nouricia, dans l’Aube, qui a recueilli la première moisson biologique commune de 2011. Cette activité devrait profiter aux filiales de Siclaé.

Les activités viticoles et vinicoles de Nouricia complètent l’investissement récent de Champagne Céréales dans la vigne et le vin. Nouricia approvisionne près de 3 500 viticulteurs dans l’Aube et la Marne. Champagne Céréales a en effet acheté en 2010 la société privée Compas, négociant dans le métier des grains, et surtout un des intervenants majeurs du secteur viticole en Champagne.

Le directeur général du futur groupe sera Alain Le Floch, actuel directeur général de Champagne Céréales. Également président de la cogérance de Siclaé, il veut donner un coup de fouet aux activités de transformation et les « positionner sur des marchés à plus forte marge ». Siclaé a selon lui réalisé en 2010-2011 « une MBA* historiquement élevée malgré un contexte difficile » : 107,5 millions d’euros. Mais peut encore mieux faire.