Chambres d’agriculture : le test du Nord Pas-de-Calais
En Nord-Pas-de-Calais, ni duel fratricide, ni suspense annoncé. D’ailleurs, la campagne de Jean-Michel Lemétayer ne s’est arrêtée ni à Arras, ni à Lille. Mais ce n’est pas pour autant que l’on cède ici à l’excès de confiance. En cause, la Coordination Rurale, dont l’objectif est martelé depuis plusieurs semaines par son représentant du Pas-de-Calais, Guy Boisleux: « Nous devons faire passer le syndicalisme majoritaire en dessous de la barre des 50% ! »
Guy Boisleux s’attaque dans le Pas-de-Calais à une liste symbolique. Elle est emmenée par Jean-Bernard Bayard, l’actuel secrétaire général adjoint de la FNSEA. Celle-ci a réalisé un score de 66% six ans plus tôt. Faire tomber le score de la FNSEA de 66% à moins de 50% : le scénario semble improbable. Pourtant les responsables du syndicalisme majoritaire prennent la menace au sérieux et ont répondu par une forte mobilisation militante.
Plutôt habitué aux opérations séduction menées auprès des gens des villes qu’aux démonstrations de force, FNSEA et JA ont sorti les tracteurs en centre-ville de Lille (environ 200) ainsi qu’à Arras (30 tracteurs et 500 paysans dans les rues) pour dénoncer officiellement « les entraves à l’activité agricole ». L’objectif était surtout de convaincre les éventuels indécis… Dans la région, on n’avait jamais vu une telle démonstration de force depuis plus de dix ans.
Pour la victoire finale, les dés semblent néanmoins jetés et le scénario écrit d’avance. La présidence de la Chambre d’agriculture du Pas-de-Calais est aujourd’hui occupée par Jean-Marie Rohart, qui a succédé à Jean-Marie Raoult. Elevé à cette fonction à mi-mandature par Jean-Bernard Bayard, il devrait lui céder la place à son tour. Jean-Bernard Bayard a même déjà pris le soin de désigner son poulain pour lui succéder à la FDSEA 62 (Christophe Hochedé).
L’homme fort de l’agriculture régionale nourrissait pourtant de grandes ambitions à la FNSEA. Le Congrès du Mans de mars 2005 devait le porter au plus haut des responsabilités. Mais, c’était compter sans le poids d’une partie des délégués qui ne voulaient à aucun prix mettre le cap sur « l’entreprise agricole ». Sur ses terres en revanche, il ne connaît plus guère d’opposants. Ils ont presque tous jeté l’éponge.
Dans le Nord, Bernard Pruvot (également président de la chambre régionale) est candidat à sa propre succession. Il devrait retrouver son siège de président, même s’il y a eu un fort renouvellement des candidats FDSEA 59 sous la pression de Marc Ruscart, son président. Seule inconnue : le score de la Coordination Rurale, qui présente pour la première fois une liste dans ce département du Nord, qu’on attend avec intérêt. …
Luttes d’influence
Dans le Nord-Pas-de-Calais comme sur le plan national, les observateurs s’attendent à un affaissement de la Confédération Paysanne, dont le leader charismatique a sûrement beaucoup nuit à l’audience de ce syndicalisme de gauche, pendant que l’on s’attend à une montée de la Coordination Rurale. Jusqu’où ira-t-elle ? Y aura-t-il substitution des voix Confédération Paysanne au profit de celles de la Coordination ? Il reste quelques questions pour ménager le suspense.
En tout état de cause, 2007 devrait être l’année du renouvellement : à la direction de la CA59 où Michel Leroy devrait succéder à Robert Fourdrignier, à la présidence de la chambre régionale d’agriculture où c’est toujours l’alternance qui prévaut. Le départ annoncé de Jean-Marie Raoult devrait également laisser libres quelques présidences de structures agroalimentaires régionales (Comité de Promotion 59-62, association Qualité 59-62, association Saveurs en Or, ainsi que le laboratoire de recherche Adrianor implanté à Arras…). Le conseil régional, un des principaux bailleurs de fonds, reste toutefois attentif aux passages de témoins ! De belle luttes d’influence en perspective !