«C'est le bon moment pour lever l'embargo»
LM : Quelle était la présence du bœuf anglais au Gourmet Voice, qui s'est achevé dimanche ?
Rémi Fourrier : Comme l'an dernier, il a été servi au dîner de gala. En plus de ça, nous avons invité des journalistes de la presse gastronomique à un atelier consacré au bœuf Saint George. Le chef étoilé Bruno Oger (la Villa des Lys, à Cannes) y a présenté différentes découpes de viande, en montrant la façon de les accommoder en Provence. C'était l'occasion de parler de nos produits, de ce que nous faisons. Gourmet Voice rassemble un millier de professionnels de la communication gourmande, auteurs, journalistes, critiques, présentateurs, chefs, producteurs, éditeurs, photographes en provenance de 40 pays. L'intérêt de la manifestation est qu'elle est très haut de gamme et internationale.
LM : Pourtant, le bœuf britannique est toujours sous embargo. Comment réagissez-vous aux réticences de nombreux États membres lors du dernier Comité vétérinaire de l'UE ?
Rémi Fourrier : Elles ne remettent pas en cause la reprise des exportations au mois de mars. Des questions ont été soulevées et des réponses ont été apportées. Sur le plan technique, il n'y a aucune zone d'ombre. Ce que nous craignons, c'est davantage des décisions politiques un peu bizarres, dans un contexte perturbé par la grippe aviaire. Pourtant, même sous l'angle politique, j'ai du mal à imaginer des pays revenant sur la décision de lever l'embargo. Quel en serait l'intérêt ?
LM : Selon vous, c'est le bon moment pour lever la sanction ?
Rémi Fourrier : La période est favorable, jusqu'au mois de mars ou avril. Nous sommes dans un creux de production. Le bœuf britannique peut profiter de belles opportunités à l'exportation. Vu le manque d'offre, les abatteurs cherchent de la marchandise. Côté britannique, les tests ESB sur les bovins de plus de trente mois sont bien en place. Il faut maintenant se dépêcher de trouver des débouchés pour ces animaux qui reviennent sur le marché. Les éleveurs ne bénéficient plus de dérogation pour leur retrait. Depuis le 21 janvier, ils doivent tous être finis et abattus pour la consommation. Sur le marché domestique, un intérêt s'est manifesté de la part d'un peu tous les opérateurs, y compris la grande distribution.