Certifié non conformiste
C'est un discret pavé dans la mare qu'a lancé Philippe Mangin cette semaine, à quelques jours de l'assemblée générale de Coop de France, l'organisation qu'il préside et a longtemps portée à bout de bras. Lors de la conférence de presse présentant les enjeux de la réunion, le 29 novembre prochain, du « syndicat des entreprises coopératives » qu'il appelle de ses vœux, l'agitateur d'idées du monde agricole n'a pas caché son intention de saisir au bond la balle de la « certification des exploitations » lancée en l'air par le Grenelle de l'Environnement. « Nos concitoyens ne nous croient pas lorsque nous disons que nous multiplions les efforts pour préserver, voire améliorer, notre environnement ? Qu'à cela ne tienne, nous allons en apporter la preuve, comme les industriels l'ont fait avant nous, et avec succès », a répondu en substance l'ancien président des Jeunes agriculteurs qui n'a pas oublié la verve de ses fonctions passées. Bien sûr, cette idée bouscule quelques-unes des initiatives existantes : celle de l'agriculture raisonnée évidemment, lancée et appuyée depuis 15 ans par l'une des figures montantes du syndicalisme agricole, Christiane Lambert, qui n'a guère rencontré plus qu'un succès d'estime. L'ironie de l'histoire, c'est que l'agriculture raisonnée a été elle-même appuyée récemment par l'un des poids lourds de la coopération, Pascal Prot, le président de Champagne céréales, qui jurait récemment pouvoir amener « 8 000 adhérents vers l'agriculture raisonnée ». Mais qu'importe après tout : « raisonnée » ou « environnementale », coopérative ou privée, l'idée de la certification doit faire son chemin, et vite. L'époque nous démontre que l'on doute vite des promesses de campagne, a fortiori de celles des campagnes. Il est temps de les tenir.