Céréales : Senalia a réussi sa diversification
En 1957 (il y a donc 50 ans), alors que la France sortait de la pénurie alimentaire et se trouvait pour la première fois en situation d’excédents céréaliers avec des capacités de stockage qui devenaient insuffisantes dans les grandes régions de production -la Beauce en particulier-, une vingtaine de coopératives d’Eure et loir lançait l’idée de création d’un stockage supplémentaire commun. D’abord envisagé au milieu des terres, le projet devait s’orienter bientôt vers le choix du stockage portuaire dans la perspective du développement des exportations de céréales françaises.
De par ses capacités et son implantation proche des grandes zones de cultures céréalières Rouen fut retenu par les promoteurs du projet. Ce fut la création d’Ucacel, l’Union des coopératives agricoles de céréales d’Eure et Loir. A quelques mois près, les responsables des coopératives normandes s’inscrivaient dans la même voie et créaient à Rouen la Sica SPR. Les deux groupes coopératifs gardaient leur autonomie de travail sur le port de Rouen, mais décidaient d’utiliser en commun les mêmes tours de travail communes. Chacun disposait de 10 000 tonnes de stockage.
Une capacité de 720 000 t
Jean-François Hervieu, président de Senalia Sica, a rappelé, à l’occasion de l’assemblée générale de Senalia, vendredi dernier, la longue histoire du développement des silos coopératifs du port de Rouen qui devait aboutir en 2002 au regroupement d’Ucacel et de la Sica SPR, donnant naissance à Senalia qui fêtait ainsi le cinquantenaire de ses fondements et le 5e anniversaire de son nouveau titre. Depuis les 20 000 tonnes de stockage originelles, les choses ont bien changé et le groupe exploite aujourd’hui les plus importants terminaux portuaires céréaliers et agro industriels du port de Rouen avec une capacité totale de plus de 720 000 tonnes.
Avec la même intuition qui avait poussé leurs aînés a créer les silos portuaires pour répondre à l’exportation naissante, les dirigeants de Senalia conscients des limites atteintes par cette seule activité ont entrepris de jouer la carte de la diversification des activités de prestataire de services vers l’agro-industrie.
Cette diversification a été menée dans des secteurs multiples. Que ce soit dans la trituration avec SAIPOL, le bio diesel avec Diester industrie, le sucre avec St Louis Sucre dans le terminal sucrier Robust et les fèves de cacao avec le groupe chocolatier Barry Callebaut. Senalia poursuit cette politique de diversification en s’associant au groupe Tereos dans la construction de l’usine d’éthanol de Lillebonne qui doit démarrer en avril prochain, première usine européenne de production d’éthanol à partir du blé. C’est un investissement de 25 millions d’euros, mais Jean-Jacques Vorimore, rappelant tous les partenariats conclus par Senalia affirme l’intérêt de cette stratégie au service du producteur : « cela s’appelle ne pas mettre tous les œufs dans le même panier ». Une politique qui a fait ses preuves comme l’a démontré André Laude, directeur général du groupe, puisqu’après deux campagnes d’exportation en retrait, consécutivement à la faiblesse des récoltes, le résultat net de l’exercice 2005-2006, s’élève à 3,8 millions d’euros.
Malgré cette multiplication des activités, l’exportation de céréales n’en demeure pas moins le rôle majeur et emblématique de Senalia. Certes, la campagne céréalière 2005-2006, comme 2003-2004, a été marquée par un fort ralentissement des chargements du port de Rouen en général et de Senalia en particulier qui a exporté par Rouen 2,7 Mt de céréales lors de la dernière campagne -contre 3,6 en 2004-2005- ce qui représente 46,4 % des chargements céréaliers du premier port d’exportation de céréales européen (rappelons que l’assemblée générale du port se tiendra le 25 janvier).