Céréales : « on peut accélérer l'exportation
LM : La dernière campagne céréalière et la première partie de l'actuelle se caractérisent par de médiocres résultats pour les exportations de grains. S'agit-il d'un phénomène conjoncturel ou de l'amorce d'une évolution inéluctable de l'exportation céréalière française ?
Jean-Jacques Vorimore : Il s'agit d'un phénomène conjoncturel surtout dû au manque de dynamisme commercial de la Commission. Les débouchés existent. Des pays comme l'Egypte ont encore des volumes importants à couvrir. Il est d'ailleurs dommage que les décisions du Comité de gestion du 6 janvier en matière de restitutions soient intervenues après la conclusion de l'appel d'offres égyptien car elles auraient permis d'y faire figurer du blé français.
LM : Dans le cas où l'exportation céréalière française vers les pays tiers serait effectivement conduite à se réduire significativement quelles seraient les reconversions envisageables ?
J.J. V : Je ne crois pas que la tendance soit à la réduction de la part pays-tiers dans l'exportation française. L'élargissement de l'Union avec des nouveaux Etats Membres, mieux situés sur le marché intérieur va plus encore orienter les céréales françaises et particulièrement le blé vers les pays tiers. Le projet de production d'éthanol de Lillebonne va dans le sens de réduire la dépendance des débouchés de notre région vis-à-vis de l'exportation. C'est pourquoi nous nous impliquons en tant que Senalia dans ce projet. Qui plus est éthanol et exportation sont complémentaires et devraient permettre d'améliorer le standard moyen de la qualité à l'exportation.
LM : Précisément, le groupe Senalia a depuis longtemps joué la carte de la diversification de ses activités. Lesquelles souhaiteriez-vous développer, que l'export se maintienne ou non ?
J.J. V : Nous sommes attentifs aux projets de notre zone géographique : nous participons au développement du diester et à la nouvelle activité de production d'éthanol de Lillebonne, que j'évoquais plus haut. Mais nous avons aussi la volonté de suivre nos produits jusque dans les pays tiers, car il est souhaitable d'apporter nos services jusqu'au client final afin de valoriser à destination les efforts qualitatifs faits par la filière à l'expédition. D'une façon générale, nous saisissons les opportunités qui nous permettent de valoriser notre savoir-faire. Nous orientons tous nos efforts vers le développement des marchés de nos produits agricoles.
LM : Vous êtes président de Senalia, mais aussi de France Export Céréales et c'est à ce titre que nous posons cette dernière question plus d'actualité immédiate : pensez-vous que la deuxième partie de la campagne céréalière 2005-2006 permettra de rattraper le décevant premier semestre ?
J.J. V : Je sais que tout le monde n'est pas de cet avis mais je pense que l'on peut accélérer l'exportation ; et emporter des marchés sur ce deuxième semestre, sur le Maghreb et l'Égypte en particulier. D'ailleurs si la commission ne se ressaisit pas, nous verrons augmenter fortement les stocks à l'intervention à la fin de campagne.