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Céréales : les raisons d’une fin de campagne dynamique

Allègement des stocks de report, reprise des exportations vers les pays tiers : les conditions de la fin de campagne céréalière se sont nettement améliorées.

Le Comité permanent de l’Onic réuni mercredi s’est déroulé sur une note généralement optimiste avec la constatation « d’une fin de campagne dynamique» concrétisée par des allégement substantiels des perspectives de stocks de report. En particulier pour le blé qui perd 840 000 tonnes entre les estimations d’avril et celles du 10 mai, passant de 4,6 à 3,8 Mt, soit aussi, 1 million de tonnes de moins qu’à l’issue de la campagne 2004-2005. La prévision du report pour l’orge se réduit de 100 000 tonnes et celle de maïs de 200 000. Pour le blé, tous les débouchés ont été revus à la hausse, qu’il s’agisse des exportations vers les pays tiers, augmentées de 100 000 tonnes, des ventes à l’UE, + 280 000 tonnes et même, ce qui peut surprendre, des incorporations dans l’alimentation animale, +150 000 tonnes alors que les fabrications ont pourtant amorcé en février un recul prévisible dans le secteur volaille Les chiffres détaillés des bilans prévisionnels de l’ONIC paraîtront dans notre analyse du marché céréalier de fin de semaine, avec l’édition de demain..

La satisfaction manifestée par l’office devant l’évolution favorable du marché céréalier dans ces derniers mois de campagne, n’exclut cependant pas sa lucidité et sa prudence. L’amélioration des exportations de blé s’explique par un effort soutenu de la Commission pour soutenir l’export, bien qu’elle ait surtout privilégié les sorties à partir des stocks d’intervention.

Des facteurs conjoncturels inattendus

Les prix compétitifs des blés français ont contribué à ce bon courant d’export. Ce sont cependant les ventes à la Communauté européenne qui ont enregistré des progressions inespérées, aussi bien pour le blé, que l’orge et le maïs, pour des raisons dont il faut bien reconnaître le caractère conjoncturel. En particulier les difficultés logistiques rencontrées par nos partenaires de l’UE (basses puis hautes eaux du Danube) pour aller s’approvisionner au Grand Est de la Communauté, là où la marchandise ne faisait pas défaut. Les céréales françaises ont donc bien profité des carences involontaires de nos nouveaux partenaires. Le retour à la normale des conditions de navigation risque cependant de peser à court terme sur nos ventes européennes.

Quant aux exportations vers les pays tiers, dont l’amélioration a concerné essentiellement le blé, elles ont été géographiquement très ciblées, avec un beau score sur l’Egypte, le Maghreb et l’Afrique noire. Cette concentration de la clientèle est à la fois positive et préoccupante parce que, d’un côté elle illustre une certaine fidélité des pays acheteurs, mais que d’un autre elle est soumise aux besoins de ces pays.

Le cas du Maroc est particulièrement significatif ; ce pays a souffert d’une sécheresse qui a sinistré ses récoltes et l’a contraint à s’approvisionner à l’extérieur, particulièrement en France. Il n’en sera pas de même pour la prochaine campagne, les cultures marocaines ayant été généreusement arrosées (lire page une). Même constat pour l’Espagne.

Pour ce qui est des utilisations domestiques, si la crise de la grippe aviaire n’a pas encore eu de conséquences sur les utilisations de céréales par les industries de l’alimentation animale, ses répercussions menacent de se faire sentir en fin de campagne actuelle, voire sur la prochaine.

La conjoncture exceptionnellement favorable rencontrée en cette fin de campagne et qui mène à des stocks de report bien moins lourds qu’on ne le craignait, ne doit pas cacher la nécessité de préparer très vite la prochaine campagne qui ne présentera peut-être pas les mêmes heureuses conjonctions.

L’Onic demande donc à Bruxelles de s’engager très vite dans sa politique d’exportation pour 2006-2007 en ouvrant les adjudications de certificats, avec restitutions, dès l’inter campagne. Si certains débouchés vont se réduire, d’autres vont se créer dans un marché mondial du blé moins chargé en récolte, des stocks mondiaux historiquement bas et des perspectives d’échanges record, dans lesquels il faudra s’infiltrer. Le président et le directeur général de l’Onic ne désespèrent pas, par exemple, de voir la France participer à la livraison des 3 Mt que va acheter l’Inde ou la Chine d’honorer enfin ses intentions d’achats manifestées l’an dernier.

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