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Céréales : « gare à la concurrence des prix »

La baisse des prix américains et la faiblesse du dollar par rapport à l’euro ont entraîné un effritement inattendu du marché céréalier.

Rien n’est jamais acquis. Nous estimions dans les bilans céréales récemment publiés dans nos colonnes que les cours du blé devraient se tenir pour le premier trimestre 2007, à peu près au niveau atteint à la mi-décembre, estimation basée sur les fondamentaux solides que constitue la grande modicité de la moisson 2006, tant en France et dans l’UE, que chez les autres grands exportateurs mondiaux. Ces fondamentaux ont été bousculés conjoncturellement, par des facteurs extérieurs, notamment la baisse des prix américains et la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. On peut y ajouter la politique restrictive d’exportation menée par la Commission et, sur le marché intérieur de l’Union, les fortes remises en vente de stocks d’intervention : 3 Mt depuis le début de la campagne dont 1,2 de maïs et 1 de blé. Cette tactique de Bruxelles a eu au moins pour mérite de dégager les stocks d’intervention communautaires qui sont passés de 14 Mt en début de campagne, à 8,5 aujourd’hui, dont 2,9 Mt de blé, 0,6 d’orge et encore 4,4 de maïs hongrois.

Cette constitution délibérée d’un stock hongrois pléthorique a fourni un bon prétexte à la Commission pour justifier son projet de suppression du stockage maïs, accepté par le collège des Commissaires et qui sera examiné prochainement par le CSA. Le sujet prend un nouvel intérêt avec l’arrivée des deux nouveaux partenaires bulgare et roumain, dans l’Union. Enfin, le marché français vient tout juste de redémarrer après trois semaines de traditionnelle inactivité en période de fêtes de fin d’année, l’inactivité commerciale étant rarement source de dynamisme pour les prix.

Une érosion durable ?

Bref, depuis le début du mois de janvier, les cours du blé (standard) se sont érodés passant de 142/143 euros rendu Rouen en décembre à 138/139 en cette fin de première décade de janvier. Ce n’est certes pas la Bérésina mais après l’Anapurna d’octobre à 160 euros, c’est suffisant pour justifier que le Conseil céréales de l’ONIGC, réuni mercredi, consacre une longue réflexion à la tendance du marché en criant « gare à la concurrence des prix», citant en exemple la dernière affaire égyptienne à laquelle la France n’a pas eu accès. Cela étant, le conseil de l’ONIGC n’a pas fait preuve d’un pessimisme outrancier et a maintenu sa prévision d’exportation pays tiers à 6,3 Mt, son directeur général, Bruno Hot, soulignant que 2,360 Mt ont déjà été chargées et considérant qu’eu égard à la minceur de l’offre mondiale cette campagne, le marché français sera tôt ou tard sollicité par les pays importateurs ; jusqu’à présent, nos habituels clients du Bassin méditerranéen, surtout l’Algérie, ont assuré le bon débit des sorties et le Maroc devrait se manifester prochainement

Mais les exportateurs français ont travaillé en grande partie sur leur « long » de certificats car la Commission est restée sur sa politique de certificats au goutte à goutte et les engagements à l’exportation, 5,4 millions de tonnes de blé et 1,2 d’orge sont maintenant en retard sur la même période de la dernière campagne (5,8 Mt de blé et 1,9 d’orge).

Par ailleurs, l’office, avec les professionnels, va engager une réflexion inspirée elle aussi par la dernière affaire égyptienne qui a été traitée en CAF, avec des marchandises déjà sur place dans des silos privés au lieu de l’habituelle formule du FOB et le paiement étant effectué en Livres égyptiennes au lieu de dollars. Il y a matière à réflexion pour les exportateurs.vis à vis de nouvelles pratiques.

Perspectives 2007-2008 : une prudente réserve

S’agissant des perspectives du marché céréalier à un peu plus long terme, c’est-à-dire quand la présentation de la récolte se précisera, l’office se tient prudemment et logiquement à l’écart de toute estimation de production 2007, alors que les prévisions du CIC de novembre précoces, pour ne pas dire prématurées, ont eu une influence sur l’orientation baissière des prix américains. L’ONIGC se contente donc de confirmer ses prévisions de semis de cultures d’hiver présentées au Conseil du 12 décembre : 4,9 millions d’hectares de blé tendre et une forte progression du colza à 1,5 Mha.

Le président de l’office, Rémi Hacquin envisage trois possibilités d’évolution du marché pour la prochaine campagne : une très forte récolte mondiale et une baisse des prix en conséquence ; une nouvelle récolte déficitaire et une remontée des prix à des niveaux aussi élevés que cette campagne ; ou encore une moisson simplement normale et des prix maintenus à un niveau supérieur à ceux de l’intervention grâce à la minceur des stocks de report, voire leur grande faiblesse au stade mondial. En définitive, la nature arbitrera.

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