Céréales : comment le marché à terme s’impose
Que le prix du blé perde 15 euros en une journée et la marge de l’organisme stockeur part en fumée. Il devient indispensable de protéger les agriculteurs, leurs coopératives et négoces de ces « violentes évolutions », a affirmé François Pignolet, directeur des marchés d’Epis Centre, en guise d’introduction à un débat sur la volatilité des marchés, mardi dernier devant l’Association des journalistes agricoles (Afja). Les contrats et options à terme se sont définitivement imposés aux opérateurs ces deux dernières années; malheur à ceux qui n’ont pas encore acquis les compétences pour se couvrir sur les marchés à terme du blé tendre, du colza et du maïs sur Euronext.
Des marchés surveillés
Les prix ont beau s’effondrer, le danger reste entier, a démontré Lionel Porte, le responsable « Commodities » d’Euronext. Ainsi la « volatilité » – une notion bien différente de l’amplitude – du blé sur 20 jours dépasse les 30 % en novembre 2008, bien en dessous du pic de presque 45 % atteint en octobre 2007 mais bien au-dessus quand même des 15 à 20 % traditionnels. Qu’on le veuille ou non, les marchés européens des céréales, physiques ou à terme, sont de plus en plus dépendants du marché mondial du blé tendre, qui est le marché américain. Le marché à terme européen du blé est sous plusieurs influences : marché de Chicago mais aussi CAC 40, puisqu’un investisseur qui perd sur une action se renfloue en vendant des matières premières. Les opérateurs financiers n’ont pas que des torts, a rectifié Lionel Porte. En apportant de la fluidité au marché à terme (des « contreparties », du « sous-jacent »), ils autorisent un organisme de collecte à délivrer de la marchandise à un moment peu favorable à la vente. D’ailleurs, les deux marchés à terme qui « marchent bien » en France sont le blé et le colza, qui ne manquent pas de sous-jacent. Il se traite en moyenne environ 5 000 contrats par jour en blé, 430 en maïs et 2 600 en colza.
Les meuniers traitent sept fois plus de contrats à terme qu’il y a trois ans. Sur les marchés des options (le « droit » de vendre à tel prix), qui croît le plus vite, le vendeur d’une option est plutôt institutionnel. Il prend plus de risque que l’acheteur d’option du monde agricole qui ne peut perdre plus que sa prime. Enfin, a-t-on appris au débat, le marché à terme de Paris offre une garantie : les prix des marchés physique et dérivé se rejoignent en fin d’échéance. Une corrélation que n’a pas Chicago. Pour rassurer dans le contexte de ratés et de fraudes sur les marchés financiers qui font l’actualité, les spécialistes ont précisé que les marchés des céréales sont particulièrement réglementés et visés par l’AMF (autorité des marchés financiers).