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Celle qui remplacera la Bintje n'est pas encore née

La recherche française sur la pomme de terre plafonne depuis 10 ans, prenant du retard sur les Pays-Bas. Consciente du problème, le GIPT vient d'augmenter sa participation de 25% dans Arvalis.

«Nous venons de nous engager dans la durée en matière de création variétale, mais nous attendons avec impatience la variété féculière qui répondra à tous les critères, tant agronomiques qu’environnementaux », a lancé Didier Lombart, président du GIPT (groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre) à l’occasion de l’assemblée générale du 13 mars dernier. Quant au frais, tout le monde s’accorde également à reconnaître que celle qui remplacera la Bintje n’est pas encore née !

C’est pourquoi le GIPT vient d’augmenter sa participation dans Arvalis de plus de 25 % par rapport à 2007. C’est une enveloppe annuelle de 525 000 euros qui doit permettre de contribuer aux efforts français de recherche. En tout cas, cette intervention témoigne d’une certaine impatience des professionnels au moment même où de nouveaux enjeux se profilent à l’horizon. Jack Massé, responsable recherche et développement d’Arvalis, les a rappelés le 13 mars : diminution des intrants, respect des « bilans carbone », lutte contre le stress hydrique, maîtrise de la qualité… Plusieurs voix se sont élevées tout récemment pour déplorer le retard pris par la France. Gérard Corrignan, président de la fédération française de plants (FNPPPT), s’est montré « inquiet des orientations prises par l’Inra ». C’était sur le plateau de l’Inra au dernier SIA. L’Inra a certes permis la mise en place du schéma de sélection sanitaire des plants de pomme de terre avec notamment les techniques de multiplication in vitro, mais aujourd’hui la filière s’interroge sur ses nouvelles orientations. Et le président de citer l’intérêt moindre pour l’agronomie, la spécialisation renforcée, la fuite de matière grise…

« C'est bien de faire des recherches sur le génome, mais il ne faut pas oublier pour autant le lien de ces recherches avec le terrain », a prévenu Gérard Corrignan. « Il est de notre mission de conserver, d’analyser, de caractériser d’étudier la diversité des ressources génétiques », lui a répondu François Houllier, directeur scientifique à l’Inra.

Les Hollandais en pointe sur le génome

L’Inra possède une quarantaine de chercheurs et techniciens qui travaillent dans la pomme de terre, notamment dans ses locaux de Rennes et d’Avignon ainsi que dans sa station de Ploudaniel, là où sont préservés depuis 1949 les 10 000 clones et les mille variétés différentes de tubercules. Justement, le GIPT avait invité Marie-Pierre Kerlan, ingénieur à Ploudaniel, le 13 mars dernier pour évoquer les questions de « génomie et d’amélioration des plantes ». « Dans deux à trois ans, les chercheurs hollandais auront réussi à identifier complètement le génome entier de la pomme de terre », a-t-elle souligné en reconnaissant le rôle de leader de la recherche hollandaise en pomme de terre.

Quelques jours avant, Antoine Haverkort, le meilleur spécialiste hollandais de la recherche à l’Université de Wageningen, expliquait que la Hollande venait de dégager 10 millions d’euros sur 10 ans pour trouver de nouvelles variétés résistantes au mildiou par une accélération des techniques de croisement. « Nous devrions être prêts d’ici sept ans ! », a-t-il déclaré.

« On n’est pas leader en Europe, même si nous participons à des projets européens », reconnaît Marie-Pierre Kerlan en évoquant peut-être d’autres voies de recherche pour parvenir à ces résistances sans obligatoirement passer par le séquençage du génome.

Ce dont tout le monde est sûr aujourd’hui, c’est que des mauvais choix, pris en France -ou non pris- voici dix ans, font actuellement plafonner la recherche française. Car dix ans, c’est effectivement le temps minimum nécessaire au développement d’une nouvelle variété.

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