Carrefour fourbit ses armes pour gagner du terrain
« Notre objectif est d’être n° 1 ou n° 2 d’ici la fin de l’année. Nous avons tous les moyens nécessaires pour être leader en prix ». Le jour même de la mise en application de l’accord Sarkozy du 17 juin, Daniel Bernard, p-dg de Carrefour, qui présentait les résultats du premier semestre du groupe, s’est clairement dit prêt à entrer dans la guerre des prix, souhaitée ardemment par son concurrent Michel-Edouard Leclerc. Le distributeur n’a d’ailleurs pas attendu la rentrée et a amorcé les manœuvres dès le début de l’année.
« Au premier semestre nous avons créé une déflation de 3 %. Et aujourd’hui nous commençons à bénéficier de gains de parts de marché », a hier affirmé Daniel Bernard. Selon lui, 80 % des hypermarchés Carrefour seraient déjà n° 1 ou n° 2 en prix sur leur zone de chalandise, contre seulement 30 % en début d’année. Cette politique s’est traduite par une hausse de 0,2 % de parts de marché sur les trois derniers trimestres dans les hypermarchés. De leur côté, les supermarchés Champion (n° 2 derrière Intermarché) ont progressé de 0,5 % et les magasins de hard discounts (dont Ed) ont gagné 0,4 %. Cet effort sur les prix n’a pas été sans conséquences financières pour le groupe qui a vu sa marge commerciale en France réduite de 0,2 %. Pour financer la baisse de ses prix, le groupe investira dans les hypers français 335 millions d’euros au total cette année, dont 135 millions d’euros au premier semestre et 200 millions d’euros au deuxième semestre, comblés en partie par 95 millions d’euros de réductions de coûts.
Les magasins non rentables seront fermés
Pour gagner encore du terrain durant les 12 prochains mois, le groupe Carrefour s’est donné cinq grandes priorités. La baisse des prix sera accompagnée d’une hausse de 20 % des budgets de campagnes publicitaires au second semestre 2004. Pour améliorer sa rentabilité le distributeur prévoit de fermer les magasins non rentables. Cette politique devrait permettre de générer une rentrée de cash d’environ 1 milliard d’euros. Une somme réinvestie dans l’agrandissement du parc.
« Depuis le rachat de Promodès, nous n’avons pas pu étendre nos surfaces. Nous prévoyons désormais d’ouvrir au moins un million de mètres carrés par an dont 200 000 m2 en France, et 200 000 m2 en Chine », a annoncé le dirigeant de Carrefour. Cette croissance pourrait passer par des acquisitions. Afin de faciliter cette option, le distributeur va créer une société européenne immobilière qui regroupera les actifs des hypermarchés et supermarchés français ainsi que ceux des hypermarchés italiens et espagnols. Enfin, Carrefour annonce qu’il fera profiter ses actionnaires des performances opérationnelles.