Cancer colorectal : l’excès de viande rouge en cause
Le risque de cancer colorectal est un tiers plus élevé chez les gros consommateurs quotidiens de viande rouge et charcuterie (deux portions ou plus par jour) que chez ceux qui en mangent très peu (une fois ou moins par semaine), selon une vaste étude européenne sur dix pays que nous avions révélée dans Les Marchés du 31 mai dernier (Les Confidentiels d’Agro-Bref). En revanche, manger du poisson tous les deux jours réduit de 40 % le risque de développer ce cancer, par comparaison à une consommation de moins d’une fois par semaine, selon l’étude Epic (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) portant sur près de 500 000 personnes et publiée dans l’édition du 15 juin du Journal of National Cancer Institute. La consommation de volailles est sans effet, estiment les auteurs de ce travail coordonné par Elio Riboli du Centre international de recherche sur le cancer, Lyon (CIRC/IARC). «Le risque de cancer colorectal pourrait être réduit en augmentant la consommation de poisson chez ceux qui en mangent le moins, et en réduisant celle de viande rouge, abats et charcuterie chez les gros consommateurs », selon les experts. Les mécanismes de cette relation entre risque de cancer et grosse consommations de viande et charcuterie, indépendante de l’apport en fibres, ne sont pas encore complètement élucidés. Des études sur volontaires sains de Sheila Bingham, chercheur de Cambridge (Angleterre), suggèrent que des composés nitrosés ayant des effets cancérogènes se forment dans le système gastro-intestinal, suite à l’ingestion de fer, dont est très riche la viande rouge. La formation des composés (dits «précurseurs ») cancérigènes pendant la cuisson de la viande à forte température (type grill ou barbecue) est également évoquée. Mais, on en trouve aussi dans le poisson et la volaille grillés, dont la consommation n’augmente pas le risque de cancer colorectal. Le possible effet protecteur du poisson - qu’il soit «frais, gras, en boîte, salés et/ou fumés » - n’a guère d’explication, si ce n’est d’après des études sur les animaux, la présence d’acides gras dont l’huile de poisson est riche, qui pourraient inhiber le processus cancéreux.