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Canal Seine-Nord-Europe : une révolution à venir

Le canal Seine-Nord-Europe reliera d’ici six à sept ans l’Ile de France à l’Europe du Nord et permettra la circulation de convois de plus de 2 400 tonnes. Il devrait modifier considérablement la logistique céréalière des territoires traversés. Il viendra se substituer au canal du Nord, devenu véritable goulot d’étranglement, car ne permettant que la circulation des péniches de moins de 650 tonnes.

Longue de 106 kilomètres, cette nouvelle voie d’eau devrait être achevée en 2014 et coûter plus de 4 milliards d’euros. Une opportunité pour les coopératives et négociants en céréales, ainsi que pour les nombreux transformateurs dont les céréales constituent la matière première à un moment où la voie d’eau marque des points sur les plans environnemental et modal. « On va construire pour 150 à 200 ans ! », s’enthousiasme Pierre-Yves Briet, responsable du pôle développement à Voies Navigables de France (VNF). Personne n’a donc le droit à l’erreur.

Une oeuvre comparable au Canal de Suez

Toujours soucieux de marquer les esprits régionaux, Bruno Bonduelle expliquait en mai dernier que « la construction du canal Seine-Nord-Europe était un événement historique majeur comparable à celle du canal de Suez ! ». Et l’actuel président de la chambre de commerce de Lille d’assurer : « Sa mise en service va bouleverser la carte des territoires logistiques ».

Bruno Bonduelle compte bien prendre la balle au bond pour inciter les ports fluviaux du Nord-Pas-de-Calais, la plupart sous tutelle des chambres de commerce locales, à trouver de nouvelles synergies et à accroître leurs offres logistiques. Et « pourquoi pas un coup de fouet au canal à grand gabarit allant de Valenciennes à Dunkerque ? »… s’interroge-t-il. Cela permettrait sûrement de convaincre le port de Dunkerque, aujourd’hui un peu trop en retrait sur le projet !

Agriculteurs et maires des petites communes rurales ne partagent pourtant pas l’enthousiasme de Voies Navigables de France, confortée dans ses options après l’avis favorable de l’enquête publique du 10 juillet dernier.

Les échéances qui se rapprochent font monter l’inquiétude d’un monde paysan qui n’aime pas qu’on touche à son foncier et qui « a déjà beaucoup donné en terme de grands travaux ». Tout cela, sur fond de campagne électorale municipale ! « Un grand projet avec de petits moyens où on ne tient pas compte de nos avis », explique un élu municipal. « VNF ne semble pas prendre en compte les doléances des communes traversées par le canal », dit-on à Cléry (80). « Un projet qui suscite pour de nombreux acteurs de l’eau un intérêt partagé entre inquiétude et satisfaction », explique M. Beauchamp, conseiller général du Nord. « Nous serons extrêmement impactés par le canal », explique pour sa part Raymond Leriche, maire de Moislains et ancien agriculteur. Sur les 1 800 ha de sa commune, 180 à 319 ha seront concernés.

Les transformateurs en première ligne

Seine-Nord-Europe représente pourtant de véritables enjeux stratégiques pour l’agro-industrie du Nord-Picardie qui s’ouvre ainsi « un accès unique à six ports majeurs de la rangée Nord », explique VNF. Les voies navigables estiment en effet à 5 millions de tonnes les volumes de céréales qui seront transportés en 2020, contre moins d’1,6 Mt en 2000. Et l’aménagement de 350 ha de zones portuaires, réparties en quatre zones à vocation industrielle et logistique, est déjà programmé (Cambrai-Marquion, Péronne, Nesle et Noyon), tout comme le sont les cinq quais céréaliers le long des 106 km.

Les transformateurs, implantés sur ces terres qu’on dit les plus fertiles d’Europe de l’Ouest, sont nombreux. Soufflet (Nogent et Valenciennes), Tereos avec Syral-Delfie à Nesle (80), Robbe à Compiègne (60), Cargill à Haubourdin (59), Roquette à Lestrem (62)…. sont concernés par ce projet de très grande ampleur. Comme le sont indirectement les usines de Dunkerque (Sofiproteol) ou de Lillebonne (Tereos), les malteries d’Aire-sur-la-Lys et bien d’autres établissements.

Les coopératives et négoces du Nord-Picardie sont également impliqués. Elles possèdent en commun le silo d’Arleux, le plus important au nord de Paris sur la voie d’eau (177 000 tonnes de stockage), qui sera lui aussi concerné. D’ores et déjà, le groupe Unéal vient d’annoncer la construction d’un port céréalier à Graincourt-les-Havrincourt (59) qui lui permettra un accès direct aux convois de 2 400 tonnes qui circuleront sur cette voie d’eau. Implanté sur une superficie de 8 ha, ce nouveau silo aurait une capacité de 20 000 à 30 000 tonnes et permettrait d’approvisionner les industriels avec lesquels la coopérative a conclu de nombreux contrats (Roquette, Tereos,…).

Par contre, Unéal comme le négoce Carré déplorent le fait que Seine-Nord-Europe ne prévoit aucune connexion avec le port céréalier de Marquion (62), implanté sur le canal du Nord, et qui ne peut accueillir que des péniches de moins de 650 tonnes ! De la même façon, rien n’est actuellement prévu pour permettre aux établissements Roquette de Lestrem (62) d’accueillir ces convois de 2 400 tonnes. Aujourd’hui, la voie d’eau ne permet au premier amidonnier mondial que de décharger des péniches de 650 tonnes… Mais on dit dans la région que des projets circulent.

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