Bruxelles inflexible sur l’OCM sucre
Avec plus de 8 000 manifestants à Bruxelles (6 360 selon la police), des passages télévisés ainsi que de nombreux articles, les producteurs de sucre européens ont réussi lundi à faire du bruit, au moment où le projet de réforme de l’OCM sucre était présenté en Conseil des ministres de l’Agriculture des 25. Mais malgré ce tintamarre, il n’est pas dit que la Commission revienne sur son projet destiné à mettre fin au régime privilégié du sucre européen et à rapprocher ses prix du marché mondial.
La réforme, présentée voilà un mois par la Commissaire de l’Agriculture Mariann Fischer Boel, prévoit une baisse de 39% d’ici fin 2007 du prix garanti aux producteurs de sucre ainsi qu’une réduction des quotas de production. Pays parmi les plus compétitifs du continent, la France n’est pas opposée à la réforme, mais souhaite « qu’elle soit corrigée et complétée» explique Dominique Ducroquet, président de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves). M. Ducroquet refuse que la production européenne « devienne la variable d’ajustement du marché de l’Union, faute de volonté de contrôler les importations », et ce d’autant plus que «l es betteraviers européens n’ont aucune difficulté à assurer l’indépendance alimentaire du continent».
Lors de la présentation de la proposition de réforme, une minorité de blocage regroupant 10 pays sur 25 s’est opposée au document, ce qui ne devrait pas faciliter son adoption rapide, solution espérée par Mariann Fischer Boel pour préparer sereinement la conférence ministérielle de l’OMC à Hong- Kong en décembre. Mais la volonté de la Commissaire de parvenir à ses fins apparaît forte. « La production sucrière en Europe doit tout simplement diminuer. Si nous ne faisons rien, elle va mourir de mort lente » estime Mme Fischer Boel, faisant ainsi implicitement référence aux différences énormes de compétitivité observées entre l’Europe et le reste du monde.
Soutenue grâce à un prix de référence trois fois supérieur au prix mondial, la production du continent est passée sous les fourches caudines de l’OMC, notamment sur le volet des exportations. Mais les producteurs français espèrent encore infléchir les propositions, et obtenir une meilleure revalorisation de la baisse de revenu, ainsi qu’un meilleur contrôle des importations.