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Bouchers : irritation, fissures et craquement

La profession des artisans bouchers s’estime accablée par les charges. Et s’inquiète plus que jamais des difficultés rencontrées dans la transmission des commerces.

 

La Confédération de la Boucherie (CFBCT) tenait son assemblée générale d’automne à Rouen dimanche et lundi dernier. Le ton général de cette remuante réunion a mis en lumière l’irritation croissante de cette profession devant ce qu’elle considère comme un amoncellement de charges indues sur son activité. La réforme du SPE, la taxe d’abattage, le coût d’enlèvement et de traitement des MRS sont au premier rang de cette inquiétude grandissante. Une motion a été adoptée à l’unanimité, qui demande notamment la disparition des colonnes vertébrales des MRS, et le maintien de la prime de minimis à son niveau actuel de 1 000 euros, et non de 500 euros comme le gouvernement en fait le projet.

Le représentant de la DGAL, l’inspecteur général Vardon, a eu toutes les peines du monde à justifier cette position devant l’assemblée, qui ne semblait pas disposée à entrer dans le dédale d’une argumentation basée sur l’incidence de la TVA ou l’espacement éventuel des ramassages, à la suite des tests en cours.

Mais au-delà des irritations, fortes, la profession a d’autres sujets de graves préoccupations. La cession-reprise des magasins est depuis plusieurs assemblées au cœur des débats que nécessite une pyramide des âges implacable. La moitié des boucheries seront à vendre dans les 5 ans, et l’on serait heureux que la moitié trouve un repreneur. Alain Griset, le président de l’APCM est venu à Rouen signer une convention avec le président de la CFBCT Alain Duplat. Les Chambres de métier vont appuyer encore plus fortement les initiatives de l’organisation professionnelle, pour informer, former, accompagner les cédants comme les repreneurs.

Dans cette optique, le président de l’APCM a porté un jugement nettement positif sur les récentes dispositions comme la loi sur les PME d’août dernier.

La gloire écornée de l’empire

La nervosité manifeste des bouchers est renforcée par les quelques craquements qui commencent à lézarder leur bel empire. La caisse de retraite de la boucherie créée en 1949, la CARBOF, a été récupérée dans le vaste ensemble du Régime social des Indépendants et la disparition de ce monument professionnel a été durement ressentie. Au point d’inspirer dans le dernier numéro de la Boucherie Française des propos d’une rare violence au président Duplat. Celui-ci y exprime « un sentiment d’amertume profond envers deux organismes créés par nos anciens, la CGAD et l’UPA, qui ont sans regret, sans considération, saigné un joyau social comme la CARBOF…»

Voila qui a dû sonner étrangement aux oreilles des nombreux et encore actuels responsables de la Boucherie qui ont occupé et occupent encore des postes éminents dans ces deux organisations…

Autre fissure : le Centre de gestion agréé, le CNGA, qui court vainement après un plus grand nombre d’adhérents. D’année en année, l’assemblée générale lance des appels aux présidents de syndicats départementaux pour qu’ils incitent leurs adhérents à rejoindre cet « outil indispensable de la profession. » Peine perdue, apparemment.

Heureusement, il y a de quoi panser quelques plaies. Le Boeuf et l’Agneau de Tradition Bouchère regagnent des adhérents et des parts de marché, en ayant trouvé dans une petite nouvelle, Morgane Piard, une ambassadrice de charme et de conviction. Quant aux bouchers installés en zone urbaine, ils commencent à s’intéresser aux implantations de hard discounters sans rayon viande. Car ceux-ci génèrent un flux de clientèle qui permet l’implantation proche d’une boucherie – il y a déjà des exemples. Encore faut-il que ces hard discounts ne soient pas les émanations des grands satans français de la distribution. Suivez bien le raisonnement et vous verrez comment, peut-être, le discount allemand va sauver la boucherie française. Gott mit uns, Aldi aussi…

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