Bordelais : l’Entre-Deux-Mers dans le rouge
Alors que l’interprofession du vin de Bordeaux (CIVB) affiche les bonnes performances obtenues sur la campagne 2005-2006, la chambre d’agriculture de Gironde vient de publier les résultats d’une étude moins optimiste sur l’’Entre-Deux-Mers. Entre 1998 et 2005, les données comptables de 105 exploitations des cantons de Branne et Targon – le cœur de l’Entre-Deux-Mers - ont été passées au crible. Les résultats ne sont guère encourageants. En huit ans, le chiffre d’affaires moyen des entreprises a reculé de 27% et le résultat courant a été divisé par sept. Les exploitations orientées vers la vente en vrac et les caves coopératives sont les plus mal loties, ne dégageant généralement plus de résultat depuis 2004. Les producteurs qui commercialisent directement en bouteille s’en sortent globalement mieux mais leur résultat courant a diminué de 50% en deux ans. Sur l’exercice 2004-2005, on estime que 36% des exploitations ont subi des pertes. Cette baisse des ventes et des revenus n’est pas sans conséquences sur la situation financière des entreprises : entre 1998 et 2005, les investissements ont été divisés par quatre.
La chute de rentabilité de l’activité incite en effet les producteurs à la prudence et rares sont ceux qui osent engager de lourdes dépenses. L’endettement reste toutefois modéré dans la plupart des cas, 58% des exploitations restant dans une bonne situation de solvabilité alors que seules 8% d’entre connaissent un endettement supérieur à 100%. Depuis 2000, les coûts de production du raisin ont pourtant connu une baisse ininterrompue et les coûts complets du vin font de même depuis 2002 mais les rendements maximums imposés limitent ce mouvement à la baisse.
Chute libre
Le fond du problème est à chercher du côté de la commercialisation. En huit ans, les volumes vendus ont baissé en moyenne de 38% - vrac en tête -, entraînant une surproduction chronique. Sur la même période, les prix de vente au tonneau ont chuté de 31%. Sur le millésime 2004, la différence entre prix de vente et coût de revient dépasse les 100 euros par tonneau. Peut-être la campagne 2006-2007 verra-t-elle enfin la tendance s’inverser ?