Bordeaux : le Cru Bourgeois est à l’index
Suite à l’annulation du classement de 2003 des Crus Bourgeois, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes vient d'interdire à la Fédération des grands vins de Bordeaux l'utilisation de ce terme, dans l'attente de l'établissement d'un nouveau classement. La distinction « Cru bourgeois » dont se prévalent certains châteaux médocains -recensés sur une liste établie en 1932 et remise à jour en 2003- permet la mise en valeur d'un produit dans une offre pléthorique.
Avec 444 productions au départ, les ennuis ont commencé lorsqu'il a été décidé de dépoussiérer cette liste et que le nouveau classement n'a plus retenu en 2003 que 247 lauréats. Les recalés ont alors obtenu en février de la justice l'annulation de cette révision, au motif que certains des jurés étaient juges et parties. Dans la foulée, la DGCCRF vient donc de signifier l'interdiction de l'usage de la mention « Cru bourgeois », aussi bien pour les propriétés distinguées en 2003 qu'en 1932. Parmi les propriétaires ayant saisi la justice, Denis Hecquet, président de l'Union des viticulteurs du Médoc appelle également la profession à trouver « un moyen provisoire d'utiliser la mention », afin qu' «il n'y ait pas de millésime manquant »et que les crus bourgeois ne soient pas oubliés par les consommateurs.
La DGCCRF n'a pour l'heure pas été en mesure de préciser à partir de quel millésime prendrait effet son interdiction. Thierry Gardinier, président de l'Alliance des crus bourgeois, constituée par les lauréats du classement 2003 veut croire que « la logique » et le « bon sens » pousseraient dans le sens d'une interdiction à compter du millésime 2007. Pour les années précédentes, « des étiquettes sont déjà imprimées »et les contrats entre courtiers et producteurs, liés au classement, sont déjà remplis. S'ils s'accordent à admettre l'urgence de « s'asseoir autour de la table » pour élaborer un nouveau classement « indispensable » à tous, les viticulteurs médocains reconnaissent cependant que celui-ci ne verra pas le jour avant « plusieurs années ».