Bongrain lance un plan mondial d’économies
Fidèle à son habitude de discrétion, le groupe fromager Bongrain n’a pas fait d’annonces fracassantes hier lors de la présentation de ses résultats 2005 aux analystes. Le contexte ne s’y prêtait d’ailleurs pas, avec une hausse du CA limitée à 1,4 % en 2005 (à 3,35 Mds Eur), dont seulement 0,7 % de croissance organique. D’un poids certain (2/3 des ventes du groupe mais 0,4 % de croissance organique seulement) le pôle des produits fromagers a donné le ton, avec des situations contrastées sur les différents marchés.
L’Europe de l’Ouest a supporté un climat de consommation difficile, de nature à motiver l’expansion vers des territoires plus dynamiques. En France, malgré l’environnement particulier des prix, seul le milieu de gamme a souffert d’après Bongrain. « Les grandes marques ayant confirmé leur résistance » a expliqué le management, pour qui la réforme de la Loi Galland devrait être « globalement favorable » aux références marketées.
L’activité des autres produits laitiers (1/3 des ventes) s’est bien comportée pour les protéines laitières (notamment les ingrédients nutritionnels et à valeur ajoutée), mais a dû encaisser la crise qui a touché la viande de veau. Bongrain achète tous les ans des veaux de 8 jours pour les engraisser grâce à ses poudres de lait, et les revend à 5 mois. « Sur le moyen terme, c’est une bonne activité » a précisé la société. « En 2005 le contexte a été moins favorable, mais la crise semble terminée ».
Pour se prémunir des aléas de consommation et pour améliorer sa marge opérationnelle (descendue de 4,5 à 4 %), Bongrain a prévu de renforcer ses programmes de réduction des coûts, en particulier sur le poste achats (hors matière première laitière). Grâce à ces mesures qui devraient prendre leur vitesse de croisière à partir de l’an prochain, le groupe espère économiser un minimum de 10-15 M Eur annuellement.
« Nous ne souhaitons pas dévoiler nos objectifs précis, mais il s’agit d’un plan d’envergure, qui concerne la totalité des sites dans le monde» a tenu à préciser l’un des trois directeurs délégués. La recherche de croissance va se poursuivre à l’international, conformément à la stratégie du groupe.
La Chine et les pays d’Europe centrale et orientale (où Bongrain est déjà présent) sont des cibles toutes désignées, annonçant une dilution supplémentaire du poids de la France (près de 40 %) dans les ventes. Les prévisions pour 2006 sont toutefois vagues, la direction visant « une progression de l’ordre de la moyenne des dernières années».
Les premiers signes de la reprise sont là, avec une évolution positive depuis le 1er janvier après un dernier trimestre 2005 négatif en termes de ventes. Pour continuer d’avoir les faveurs des consommateurs, le fabricant du Caprice des dieux, Fol épi ou Elle & Vire va renforcer ses axes « plaisir » et « nutrition », ainsi que les conditionnements pratiques (tranchés et tartinables). Positionné depuis toujours sur les fromages de marque et les spécialités, Bongrain n’a pas prévu de se lancer dans les MDD à grande échelle, mais ambitionne plutôt d’entrer dans le circuit du hard discount en France, un système qui a fait ses preuves en Allemagne. La RHF et le BtoB figurent dans les développements immédiats du fromager, qui ne souhaite plus négliger les différents segments de marché. Compte tenu de la situation actuelle, cette position se défend.