Bonduelle prêt à repartir du bon pied
Les voyants sont revenus au vert pour Bonduelle, qui semble mettre fin à plusieurs exercices consécutifs difficiles. L’érosion des ventes s’est limitée, d’après la présentation hier des résultats annuels 2005-2006 (clos au 30 juin). Le chiffre d’affaires (1,2 Mds Eur) est en repli de 0,3 % (normes IFRS).
Les signes encourageants proviennent de l’amélioration de la situation en fin de période, notamment avec des ventes en France qui repassent en positif. Depuis 2006, le légumier est « en passe de sortir de la crise de consommation », selon les termes employés par son pdg Christophe Bonduelle.
L’accélération de l’internationalisation, avec une zone non euro très dynamique, est également bénéfique pour les résultats du groupe et fait office de relais de croissance. Elle compense les difficultés enregistrées en France et dans les pays voisins, avec une zone euro à 1,059 Mds Eur de ventes (-2,1 %) contre 141 M en zone non euro (+13%), et une rentabilité encore meilleure (3,8 % contre 17,9 %).
Sur le sol national, le frais progresse « malgré l’arrêt des crudités en food service », et la progression des MDD semble marquer le pas, permettant à Bonduelle d’améliorer le score de ses marques. Ces dernières ont augmenté leur poids de 7 % dans le portefeuille maison, au détriment des MDD fabriquées par Bonduelle dont la diminution a été symétrique. Avec une pression promotionnelle renforcée, conséquence de la loi Dutreil, le groupe progresse régulièrement sur le frais au point de viser le leadership sur Florette d’ici peu. La hausse des prix des légumes due aux mauvaises conditions climatiques estivales ne devrait pas entraîner de manque significatif de matières premières, mais des « hausses de prix de vente significatives» sont néanmoins attendues.
L’horizon plus dégagé laisse entrevoir plusieurs chantiers, avec la volonté affirmée par Christophe Bonduelle de mieux marketer les légumes avec un aspect santé. « Attention. Nous ne voulons pas faire de l’Actimel vert ! » s’est défendu le pdg, dont les équipes travaillent sur une gamme spécifique qui sera mise en place d’ici un an. Lancé cet été, le plan David et Goliath doit entraîner 15 M Eur de réduction de charges en 3 ans.
Le plan a débouché sur l’arrêt de la petite activité charcuterie, le report du développement de l’activité traiteur hors de France ou encore l’arrêt du sponsoring. Bien que présentant des résultats « encourageants », le projet First (ventes de légumes en première gamme) a également été stoppé. La rationalisation n’a cependant pas coupé les ailes du groupe, qui à l’image de sa forte présence en Europe de l’Est poursuit son expansion avec cette fois-ci l’acquisition de 25 % de Carrière, leader canadien du légume transformé (225 M Eur).
Cette diversification géographique fait office de porte d’entrée vers les Etats-Unis, Bonduelle souhaitant densifier les gammes assez simples du Canadien. Les très bonnes performances financières de Carrière en font une cible de choix pour le Français, qui possède une option d’achat sur un minimum de 85 % des parts restantes en juillet 2007. En cas de rachat complet, l’opération d’un coût de 100 M Eur rendrait possible la sécurisation du courant d’affaire actuel aux USA, ainsi que la possibilité « d’amélioration des performances » chère à Bonduelle.
Si ce scénario se réalisait, la répartition des ventes serait alors équilibrée en trois tiers (France, Euroland et zone non euro), diluant d’autant les faibles performances de l’Hexagone. Le tout sans compter les 10 % de croissance attendues en 2006-2007 dans la zone non euro. Se refusant à faire des prévisions il y a un an compte tenu du climat d’incertitude sur la consommation, le pdg du groupe s’est plié cette fois à l’exercice, en tablant sur une croissance interne de 4,1 %. La croissance globale atteindrait même 4,8 %, compte tenu de l’intégration de Salto (ex-Unilever) dans le périmètre de consolidation.