Bœuf : Chiron veut renouer avec la croissance
A peine sorti d’un redressement judiciaire, Chiron se sent pousser des ailes. Le spécialiste de la viande hachée surgelée a vu son plan de continuation accepté par le tribunal de Commerce de Caen (Calvados) le 17 août. « On repart à la conquête de nouveaux marchés,annonce son directeur général Frédéric Chiron. Durant les vingt mois de procédure, aucun client ou fournisseur ne nous a lâchés. Le seul souci est que notre développement a été freiné. » 8 500 tonnes sortent annuellement de l’usine de Colombelles, un niveau qui s’est stabilisé. L’objectif est de parvenir à une croissance de 10 % en 2008. Les efforts vont se concentrer vers la restauration hors domicile et les circuits spécialisés de type home service. Ces deux débouchés pèsent respectivement 30 % et quelques pour cent du CA (23 M EUR en 2006-2007). L’entreprise aimerait aussi développer l’export (10 % du CA), mais juge la tâche plus ardue. « Mon souhait est de rééquilibrer l’activité, dont 60 % sont représentés aujourd’hui par la grande distribution », explique le directeur général.
Couverture des achats
Chiron dispose de dix ans pour apurer son passif. Plusieurs éléments l’ont plombé. Tout d’abord, des difficultés à répercuter aussi bien la taxe d’abattage que la hausse des prix du minerai. Le coup de grâce est venu de l’affaire Soviba, à l’origine d’une intoxication collective. Aujourd’hui, l’entreprise met en place une couverture des achats avec ses fournisseurs, afin de limiter les risques de flambée des cours. « Une planification des approvisionnements est faite sur six mois, permettant de bloquer les prix sauf cas exceptionnel, précise-t-il. Avant, j’avais une visibilité à un mois. Là, je négocie déjà des contrats pour le premier semestre 2008. » Une restructuration de la masse salariale a aussi été opérée. Quatre salariés sont partis à la retraite. Le personnel est passé de 92 à 85 employés.
La société normande fait face à un marché en légère érosion, évalué autour de 100 000 tonnes de steak haché surgelé. De plus, un nouvel intervenant, Poujol, s’est installé. « Notre prochaine étape est de sortir d’un positionnement mono produit », confie le directeur général.
Des nouveaux produits seront lancés d’ici à un mois et demi, sous forme de piécés de boeuf surgelé IQF (individually quick frozen). Leur packaging est en cours de conception. Ils seront destinés à la grande distribution et aux circuits spécialisés. « Une garantie de tendreté sera proposée,poursuit Frédéric Chiron. Le consommateur en a assez des viandes dures, maturées quatre ou cinq jours à l’abattoir. Notre offre reposera sur une maturation de 21 jours, des portions plus petites, des morceaux dégraissés, nature. Et peu importe leur appellation anatomique. »