Biocoop veut entraîner la production bio dans son sillage
« La France rate une marche de son histoire agricole, a lancé Claude Gruffat, Pdg de Biocoop, mardi en conférence de presse. Alors que le marché alimentaire bio augmente en moyenne de 9,5 % par an, le nombre de producteurs stagne. » L’enseigne connaît un développement florissant. Elle veut entraîner l’amont dans son sillage, notamment via l’ouverture d’une nouvelle plateforme logistique à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). Premier réseau de magasins bio en France, Biocoop prévoit de réaliser un chiffre d’affaires en hausse de 25 % à plus de 300 M Eur en 2007, après une progression de 22 % l’année passée. Le réseau, qui représente 12 % de parts de marché, compte 274 magasins en France. Il entend étendre de 18 000 m2 sa surface d’ici à 2008, tant en création de nouveaux points de vente qu’en agrandissement de magasins existants.
Le quart Nord-Est est voué au plus fort développement de la coopérative. Pour anticiper cette progression, une nouvelle plateforme a été ouverte au mois de janvier en région parisienne. Elle s’ajoute aux trois précédentes, près de Rennes, à Cavaillon et près d’Angers. D’une capacité de 6 000 palettes, cet équipement flambant neuf dessert 42 magasins. « L’expérience montre que l’installation d’une plateforme Biocoop a un effet d’entraînement de la production», a souligné Claude Gruffat. A côté d’Agen, la coopérative Caso est ainsi passée de 12 producteurs en 1989 à 42 aujourd’hui. Dans le Sud-Est, Solébiopaïs a également connu une structuration importante, passant de 20 à 40 producteurs en deux ans. La plateforme Grand Ouest a accompagné le développement de Bio Breizh et de Bio Loire Océan.
L’agriculture bio en retard en France
D’autres organisations de producteurs devraient se structurer, dans le sillage de l’implantation logistique à Sainte-Geneviève. « La structuration en groupements permet de planifier les cultures. Elle va de pair avec une meilleure capacité de négociation des producteurs. Des engagements de volumes peuvent être pris sur la durée», a ajouté Claude Gruffat. En tant que distributeur, Biocoop estime avoir une responsabilité envers les producteurs bio. Ces derniers sont au cœur du projet d’entreprise. Déjà représentés au sein du conseil d’administration, via une section agricole, ils auront désormais accès aux services de la coopérative.
Biocoop déplore le fait que la consommation augmente sans en faire bénéficier pleinement l’amont de la filière. Les agriculteurs bio ont stagné en effectif sur la période de 2003 à 2005. Ils sont un peu plus de 11 000 et occupent 2 % de la surface agricole utile (SAU). « La France a beaucoup de retard par rapport à d’autres pays de l’Union européenne, a déploré le Pdg. En Autriche, la bio occupe 15 % de la SAU. L’Allemagne et le Danemark lui consacrent d’importants efforts. Idem pour l’Italie et l’Espagne. Résultat, on a du mal à trouver des produits en quantité suffisante. La coopérative importe à hauteur de 60 % environ, principalement de l’UE. C’est le cas avec les fruits et légumes d’Italie et d’Espagne. Même chose pour quelques céréales. »