Biocarburants : les JA sont prêts
Les annonces officielles concernant le développement des biocarburants en France ont beau se multiplier, les jeunes agriculteurs n'en attendent pas moins de « voir la pompe des biocarburants s'amorcer plus rapidement !». Lors du concours national de labours dimanche dernier, ils se sont dits prêts à relever le défi énergétique du xxie siècle, tout comme ils ont relevé celui de l'alimentaire. « Bien au-delà d'une question de débouchés, il s'agit d'un enjeu planétaire », considérait Laurent Degenne, administrateur des Jeunes Agriculteurs à l'occasion de la table ronde sur les biocarburants, organisée sur le site de Tilloy-les-Mofflaines (Pas-de-Calais).
Faire passer la production de biocarburants de 5,75 % dès 2008 à 7 % en 2010 et à 10 % en 2015 :le Premier ministre Dominique de Villepin a donné un coup d'accélérateur supplémentaire au programme fixé par J.P.Raffarin l'an passé. Très bien.
Vingt usines à construire
« 7 % de biocarburants en 2010, c'est 20 usines à construire (100 à 150 millions d'euros chacune...) et 30 000 emplois nets à créer. C'est aussi 3,5 millions de tonnes de pétrole à ne plus importer (soit l'équivalent de 50 pétroliers type Erika !), c'est aussi 2,5 millions d'hectares d'oléoprotéagineux, de céréales ou de betteraves à cultiver pour cette destination », soulignait Claude Roy, nouveau coordonnateur interministériel pour la biomasse.
Le politique se montre moins hésitant donc, quoique Stéphane Demilly juge qu'il conviendrait en ce domaine de passer « des remèdes homéopathiques aux gestes chirurgicaux». Le président de la commission d'enquête sur le thème des biocarburants à l'Assemblée nationale estime en effet qu'il faut toujours lever les freins de Bercy (exonérations fiscales) et ceux des pétroliers, « favorables au biodiesel et hostiles à l'introduction directe de l'éthanol dans les essences». Les prochains débats sur la future loi de finances devraient être riches d'enseignements.
Même si Jacques Blondy, responsable du développement agricole chez Total, explique que son groupe est impliqué dans le développement des biocarburants depuis 1992.
Il remarque cependant « que les pétroliers doivent vendre des produits aux normes, que celles-ci sont différentes en Europe et au Brésil et qu'elles sont surtout définies à Bruxelles ». Il paraît que là-bas, les fonctionnaires européens et les motoristes sont tout puissants ! Sur le sujet, la position de Total est claire : « mieux vaut privilégier la voie de l'ETBE, plutôt que celle de l'introduction directe de l'éthanol dans les essences, d'autant que la législation permet de mettre seulement 5 % d'éthanol en direct dans les essences et 15 % d'ETBE !», explique Jacques Blondy.
Chacun est prêt, les dossiers sont bouclés, les usines peuvent aller très vite à se construire (on parle de 24 à 30 mois de délai)....mais rien ne bouge. Car les industriels veulent obtenir de l'État français une garantie : celle de la rentabilité économique sur le long terme. Et là, aucune assurance ne leur a encore été fournie à ce jour.