Bien-être animal : pour une clarification
Le centre d’information des viandes (CIV) a commandé un sondage sur l’appréciation portée par les Français sur le bien-être des animaux d’élevage, dont les résultats devraient être connus dans les prochaines semaines, ont appris Les Marchés il y a quelques jours. Louis Orenga, le directeur du centre d’information des viandes, a confirmé cette initiative et nous a indiqué qu’elle avait été prise en accord avec le comité d’éthique du CIV.
Ce sondage vise à clarifier le débat sur la connaissance réelle qu’ont nos concitoyens de la réglementation en vigueur en France et en Europe en matière de bien-être animal et de préciser les points sur lesquels ils souhaitent la voir évoluer. « U ne réglementation rigoureuse existe déjà et elle est appliquée par les professionnels de la viande, dont je m’empresse de préciser qu’ils sont conscients de la nécessité d’intégrer ce type de notion, indique Louis Orenga. Mais nous pensons qu’un grand nombre de nos concitoyens ignorent que cette réglementation rigoureuse existe, alors même que la Commission européenne s’appuie sur la demande supposée de l’opinion européenne pour étoffer son arsenal réglementaire».
Manipulations
Dernier exemple en date : la tenue par la Commission d’une « consultation publique » sur internet sur le thème du bien être animal, qui a en partie inspiré le très rigoureux « plan d’action » sur cinq ans relatif au bien-être et à la protection des animaux rendu public lundi (lire Les Marchés d’hier). Rappelons que ce plan prévoit notamment « un relèvement des normes minimales propres au bien-être des animaux » et suggère l’extension de ces normes « à des espèces actuellement exclues des dispositions communautaires pour le bien-être des animaux». Pour Louis Orenga, la méthodologie de ce type de consultation sur internet (déjà mise en place par la Commission pour recueillir l’avis des Européens sur… la définition du veau) est très contestable sur la forme comme sur le fond des questions posées. Totalement ouverte et sans garde-fou, elle s’expose à toutes les manipulations par des groupes de pression, qui y trouvent un moyen d’expression et d’influence.
Le résultat détaillé de la consultation publié sur le site internet de la Commission européenne montre d’ailleurs que les internautes ayant répondu (au nombre de 44 500) constituent un échantillon très déséquilibré : 66% de femmes, une sur-représentation des internautes des pays du Nord de l’Europe (Allemands et Néerlandais arrivent en tête devant les Français, suivis des Finlandais, Belges, Britanniques et Danois).
Au vu des réponses, on comprend également que les groupes de pression y ont trouvé un moyen d’expression et d’influence, près de 61% des internautes jugeant que « le niveau de bien-être et de protection animale » est « très faible » ou « faible » en Europe, alors que la réglementation y est certainement la plus contraignante au monde.
« Les questions posées dans cette consultation étaient largement orientées, souligne Louis Orenga. « Il est effarant que ce type de consultation serve de référence à Bruxelles», estime-t-il, jugeant même la méthode « dangereuse ».
Questions préliminaires
Pour prouver les déficiences de cette consultation, le CIV a choisi de poser dans son sondage « à 80% » les mêmes questions que la consultation européenne. « J ’ai seulement ajouté quelques questions préliminaires qui auraient dû être posées aux sondés pour éclairer le débat : savez-vous qu’il existe une réglementation sur le bien-être animal en Europe, pouvez vous citer l’une ou l’autre de ces dispositions et sur quels points souhaitez-vous que le dispositif soit amélioré ?», annonce Louis Orenga. « Nos concitoyens sont peut-être mieux informés que nous ne le pensons. Mais au moins nous bénéficierons d’une enquête fiable sur laquelle nous appuyer. »