Beaumes-de-Venise : portrait d’un nouveau cru
En juin dernier, le comité national vins et eaux-de-vie de l’Inao a accordé aux vins rouges de Beaumes-de-Venise le statut de cru là où ils n’étaient jusque-là « que » des AOC Côtes-du-Rhône villages Beaumes-de-Venise. Les AOC Côtes-du-Rhône villages Beaumes-de-Venise rouge deviennent Cru de la vallée du Rhône. La publication de la décision n’a pas encore eu lieu, mais le décret permettant au vin rouge des Beaumes-de-Venise de passer au stade supérieur de reconnaissance, a été signé. La publication de la nouvelle ne serait qu’une question de semaines. Le millésime 2005 en sera le premier bénéficiaire. Beaumes de Venise deviendrait ainsi le 14e cru de la région des Côtes-du-Rhône après notamment, Châteauneuf-du-Pape, Gigondas, Côte Rôtie, etc.
Les Beaumes-de-Venise rouge représentent 12 000 hectolitres sur les 50 000 hectolitres (comprenant les Muscat, le rosé -une nouveauté cette année, avec 200 hectolitres mis en bouteille-, les vins rouges et blancs) produits par la coopérative des Beaumes-de-Venise qui regroupe et vinifie 70 % de l’appellation.
Alain Ignace préside le conseil d’administration, composé de 16 vignerons, depuis 1991. Cette assemblée représente les 220 vignerons adhérents de la coopérative des Beaumes-de-Venise. Depuis 1982, il impose son goût de la perfection et du progrès grâce « au développement de la qualité et des appellations». « C’est un meneur d’homme» renchérit Claude Chabran, coopérateur actif des Beaumes-de-Venise, « Pour lui on est disponible tous les jours de la semaine, on sait qu’il a des idées et qu’il les concrétise». En fait, il a su motiver ses troupes, « dans le même sens, vers un but commun», faire oublier les querelles, et emmener cette appellation jusqu’à la reconnaissance du cru !
Une qualité récompensée
Cette désignation récompense les nombreux efforts fait par les vignerons dans le sens de la qualité depuis plus de 20 ans. Les rouges des Beaumes-de-Venise sont issus de trois terroirs : le terroir du trias, le terroir des Farisiens et le terroir Bel Air. Si le fruit de la vigne est à l’origine du vin, le caractère de chaque cru est déterminé par l’un de ces trois terroirs. Les 100 vignerons qui animent cette nouvelle AOC ont suivi à la lettre le décret leur permettant de grimper au rang de cru. Ainsi, ces vins doivent êtres issus de Grenache noir, dans une proportion minimum de 50 %, et de Syrah, dans une proportion minimum de 25 % de l’encépagement. La charge maximale moyenne à la parcelle ne doit pas excéder 7 000 kg/ha. Le rendement doit être compris entre 38 et 42 hl/ha.
Les parcelles AOC représentent 600 ha pour 20 000 hl de production dont 90 % sont conditionnés à la propriété. 30 % sont vendus à l’export, 45 % en GMS et 25 % en circuit spécialisé. Une distinction qui intervient 62 ans après celle qui a été offerte aux Vins doux Naturels Muscat de Beaumes-de-Venise. Mais selon Claude Chabran, « le prix des bouteilles ne devrait pas augmenter avant 2 ou 3 ans ».