Barnier veut accroître de 15% la consommation de fruits et légumes
«La consommation des fruits et légumes est très insuffisante dans notre pays. On recommande 5 fruits et légumes par jour, le compte n’y est pas. […] Il faut accroître la consommation de 15 % », a déclaré Michel Barnier, hier en introduction d’un colloque de restitution de l’expertise collective sur la consommation des fruits et légumes menée par l’Inra. Pour y parvenir, le ministre lance trois pistes de réflexion. La première porte sur l’accessibilité, thème qui fait déjà l’objet d’une réflexion interprofessionnelle présidée par Jean Sales (la prochaine réunion est prévue le 23 novembre prochain).
« La question du prix est un frein pour la consommation », a affirmé le ministre. Faisant référence à l’opération de promotion sur les nectarines organisée cet été dans l’urgence sur les parkings des GMS, il a indiqué vouloir travailler à des opérations de ce type « plus organisées sur l’année et plus programmées ».
L’autre axe d’actions avancé par Michel Barnier concerne la distribution de fruits et légumes dans les écoles. S’inspirant d’une visite effectuée la veille dans une école à Berlin où des fruits étaient distribués gratuitement à la pause matinale ou au goûter, il a annoncé vouloir lancer une expérimentation à la rentrée prochaine dans une région française. Pour ce projet, l’Éducation nationale mais aussi des acteurs privés comme les mutuelles santé, qui s’intéressent de plus en plus à la nutrition, seront associés. Ce type de projet pourrait être cofinancé par Bruxelles.
Enfin, le ministère voudrait inciter la mise en place de distributeurs de fruits et légumes frais ou conditionnés dans les entreprises et les administrations. « La moindre consommation des fruits et légumes n’est pas une fatalité, on devrait trouver certaines solutions », a conclu Michel Barnier avant de passer la parole aux chercheurs de l’Inra dont le travail d’expertise s’avère très instructif.
L’effet protecteur reste à prouver
Après l’analyse de plus de 1 000 références bibliographiques, le groupe de travail de l’Inra conclut à propos du prétendu effet protecteur des fruits et légumes contre les grandes pathologies chroniques type maladies cardiovasculaires, diabète ou cancers, que « les études épidémiologiques plus récentes n’ont pas permis d’établir clairement un lien de causalité entre l’accroissement de la consommation des fruits et légumes et une moindre incidence de ces pathologies ». En dehors de l’apport essentiel en béta-carotène, vitamines C, fibres, vitamines B9 et potassium des fruits et légumes, l’expertise collective met surtout en avant le rééquilibrage calorique apporté par une alimentation enrichie en fruits et légumes.
A l’inverse, si aucun pesticide recherché dans les fruits et légumes entre 2001 et 2004 n’a dépassé les doses journalières autorisées (DJA), l’Inra souligne que les valeurs toxicologiques de référence ne prennent pas en compte les interactions et en particulier les éventuelles synergies entre les produits. L’expertise collective menée par l’Inra estime plus généralement que « peu de résultats sont disponibles sur le fonctionnement du secteur des fruits et légumes […] et un certain nombre de questions importantes restent pour l’instant sans réponse convaincante ».