Au siècle dernier…
Le projet Bruel sur la réforme du circuit de distribution de la viande aura décidément fait couler beaucoup d’encre. La grande presse s’en est emparé et si certains de nos confrères – comme Le Monde – ont su commenter impartialement ce projet, la plupart n’y ont puisé qu’une argumentation démagogique dénuée de tout intérêt criant sus « aux puissantes bastilles qui encombrent la commercialisation de la viande ». Cela n’est pas bien sérieux mais flatte le goût du lecteur profane toujours enclin à considérer la notion simpliste de la « suppression des intermédiaires » comme le souverain remède contre la vie chère. Le projet Bruel, c’est cependant quelque chose de très sérieux, nous serions tenu d’écrire de très grave. On connaît les grandes lignes du plan présenté par le secrétaire-adjoint de la FNSEA. D’abord, formation des prix au niveau de l’abattoir « pour substituer la rigueur d’un jugement sur carcasse à l’évolution approximative de la bête sur pied », ce principe est louable (...) et il représente sans doute un puissant facteur d’encouragement à la qualité. Les dirigeants de la Confédération de l’élevage prétendent même que c’est là le principal intérêt qu’ils découvrent au projet Bruel. Il n’en reste pas moins que la CNE étudie de très près l’ensemble de la note remise par M.Bruel et qui propose encore « les groupements professionnels à responsabilité commerciale ». C’est bien entendu la forme commerciale que prendraient les groupements qui s’efforceraient progressivement de réaliser la vente des viandes abattues pour le compte de leurs adhérents. Ces « groupements professionnels » devraient être susceptibles de prendre des responsabilités commerciales et présenter des garanties financières sérieuses. Nous ne saurions trop attirer l’attention du lecteur sur ce dernier point, car nul n’ignore que bien des expériences de coopération, en matière de viande, se sont soldées par un déficit spectaculaire.