Atelier de l’Argoat se veut rentable et durable
Le redressement d’une affaire peut suivre des chemins divers. Trois ans après la reprise de l’Atelier de l’Argoat (CA : 4,8 millions d’euros), son p-dg Joël Tingaud est là pour le montrer. Le seul andouiller de Bretagne mise sur le recyclage des graisses animales. Un pari audacieux pour une entreprise à peine sortie de graves difficultés financières. « Notre stratégie s’inscrit dans le cadre d’un développement durable et rentable », déclare-t-il. La société brestoise Biothermie conduit le projet. Il comprend deux volets. Le piégeage, le déphasage, le stockage de l’huile, issue de la fabrication des andouilles, nécessitent 240 000 euros d’investissement. Un biocombustible est obtenu, qui permet d’alimenter la chaudière. Celle-ci a toutefois besoin d’être remplacée, pour un coût de 130 000 euros.
« Le retour sur investissement devrait intervenir dans les cinq à six ans », affirme le p-dg, prudent sur le sujet. Il n’en qualifie pas moins son dispositif de « vertueux ». L’accompagnement de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, du Conseil régional, du Conseil général d’Ille-et-Vilaine et de l’Ademe renforce cette idée. En traitant les graisses, l’Atelier de l’Argoat allège ses factures par une meilleure gestion de l’eau et des déchets. L’huile recyclée en combustible permet de réaliser des économies de chauffage. « D’un point de vue social également, la démarche présente un intérêt. Le piégeage des graisses a lieu dès la table de fabrication, ce qui améliore les conditions de travail et réduit les accidents », ajoute Joël Tingaud. Ce projet devrait être opérationnel en avril.Un autre chantier est prévu, pour le second semestre. Il concerne l’agrandissement du site de Plélan-le-Grand. « Nous sommes en croissance depuis trois ans, signale le p-dg. Le cœur de l’outil est bien dimensionné, mais les capacités deviennent insuffisantes en amont et en aval. Ici, l’andouille et l’andouillette sont fabriquées à la main, dans le pur respect du code des usages, sans conservateur, ni additif. »
1 M € pour une extension
L’extension de 650 m 2 concerne principalement le laboratoire, la zone d’expédition et le stockage de produits finis. Cela portera la surface à 1 900 m 2 et la capacité de production à 800 tonnes. D’après les premières estimations, l’investissement devrait atteindre 1 million d’euros.
Aux prises avec un important passif, Joël Tingaud estime avoir besoin d’encore deux à trois ans pour reconstituer les fonds propres. « L’entreprise a retrouvé de la crédibilité, insiste-t-il. En interne, je m’efforce de promouvoir l’importance de l’action au quotidien. Un supplément d’âme est nécessaire pour sortir un bon produit. J’ai instauré un diplôme par la Validation des acquis de l’expérience (VAE). »
L’Atelier de l’Argoat produit aujourd’hui 500 tonnes d’andouilles et andouillettes pour la grande distribution et pour la restauration hors domicile. Une gamme de produits tranchés, en frais emballé ou libre-service, a notamment doublé de volume en 2007, à 500 000 barquettes.