Asie : les conséquences sur l’agroalimentaire
Les « tsunamis» qui ont dévasté les côtes asiatiques de l’Océan indien ont emporté des dizaines de milliers de vies et frappé directement des ressources économiques vitales : il s’agit bien sûr du tourisme mais aussi de la pêche et de l’aquaculture. La tragédie, avant tout humaine, aura à moyen terme des conséquences non négligeables sur le marché des produits de la mer et notamment des crevettes, élevées en grande quantité sur ces côtes.
Peu d’informations remontent pour l’instant sur ce sujet. En Malaisie, le directeur général des pêcheries a indiqué qu’un millier de pêcheurs de la région de Penang étaient affectés par le raz-de-marée. Régis Toussaint, directeur de Cofrapêche, bureau d’ingénierie spécialisé sur la pêche et l’aquaculture qui a participé à beaucoup de projets dans ces régions, n’a pour l’instant réussi à avoir aucune nouvelle sur place. Mais selon lui, « c’est évident : la plupart des fermes d’aquaculture de crevettes sont touchées». Il pense notamment aux grandes fermes installées dans trois états indiens (Tamilnadu, Andhra Pradesh, Kerala), en Thaïlande et au Sri Lanka. « Tous les ouvrages doivent être cassés et les reconstruire ne va pas faire partie des priorités», estime-t-il.
Or la Thaïlande, l’Indonésie et l’Inde font partie des six premiers producteurs de crevettes d’élevage avec respectivement 220 000 t, 200 000 t et 150 000 t pour une production mondiale de 1,7 Mt.
La Thaïlande approvisionne essentiellement le marché américain et l’Inde fournit le Royaume-Uni.
En France, on importe principalement des crevettes congelées du Brésil (19 000 t en 2003), de Madagascar (12 000 t) et dans une moindre mesure d’Indonésie
(3 800 t), de Malaisie (3 000 t) et d’Inde (3 000 t). « Pour l’instant, on a du stock, nos fournisseurs en ont aussi, mais on va vite en racheter avant qu’il y ait pénurie», indique un négociant à Rungis. La crevette d’Asie du Sud Est (la black tiger) est prisée par les grossistes car le choix est important dans les tailles. De plus, les gros calibres restent à des prix abordables. Il n’y a pas encore de rupture en vue, mais les prix pourraient bien monter assez rapidement, toutes origines confondues. Le dynamisme de la consommation pourrait en être affecté.