Arrivée des premières tomates produites à partir d’énergie fatale
Afin de réduire leurs coûts de production, quatre agriculteurs se sont unis pour produire des tomates grâce à de l’eau chaude rejetée par un puits de pétrole dans les Landes.
S’installer pour faire de la tomate sous serre relève de la mission impossible en France, à en croire Pierre Diot, président de l’AOP nationale Tomates et concombres de France. Alors qu’un hectare de serre nécessite un million d’euros d’investissement, les banquiers réfléchissent à deux fois avant d’accorder un financement si le futur producteur n’a pas la maîtrise du coût de l’énergie à long terme (pesant 30 % dans les coûts de production). Pour contourner ce problème, Bruno Vila, président de Rougeline (SAS Odélis), a eu l’idée d’implanter une serre en association avec trois jeunes producteurs à Parentis-en-Born (dans les Landes) à côté d’un gisement de pétrole exploité par la Société Vermilion. « On récupère l’eau à 55°C rejetée par les puits pour alimenter un circuit de chauffage dans la serre. Nous allons aussi capter du gaz pour éventuellement alimenter une cogénération », explique Bruno Vila. L’accord porte sur 25 ans, « avec des prix très compétitifs », poursuit-il. 7 millions d’euros ont été investis en 2009 pour construire 6,5 ha de serres. Les premières tomates ont été récoltées fin mars. La production des variétés grappe et charnue (estimée à 3000 t pour 2010) sera commercialisée par Rougeline. 6 ha supplémentaires de serres devraient voir le jour en 2011 et 5 ha de plus en 2013, pour passer à 4800 t puis à 8500 t de tomates cultivées. Le tout représentant un investissement de 25 millions d’euros d’ici à 2013. « Je suis producteur à Perpignan. Les gens sont étonnés de voir une serre se construire dans les Landes. Mais le climat convient et nous nous rapprochons d’un bassin de production », commente Bruno Vila. La serre de Parentis-en-Born se donne pour objectif de fournir à J+2 au maximum les étals du bassin bordelais et de la côte atlantique. Un atout de plus pour cette tomate des Landes face à la tomate hollandaise ou belge vendues à peine 30 à 40 centimes le kilo à Rungis l’an dernier.