Aquaculture : il est urgent d'agir
«Une production invisible au niveau national», « multiple et éparpillée », faite de petites structures, un métier à l'image passéiste... Dans son rapport remis le 20 novembre à Michel Barnier, Hélène Tanguy, maire du Guilvinec et conseiller régional de Bretagne, rapporte sans concessions l'image véhiculée par l'aquaculture française. Elle rappelle aussi l'enjeu de conflits d'usage qui entrave fortement cette activité : « si nous n'avions pas des zones conchylicoles depuis plusieurs décennies, serait-il possible de les créer toutes aujourd'hui sur notre bande côtière ? A l'évidence non, tant la pression foncière et la coexistence d'intérêts divergents entre résidences et activités économiques deviennent conflictuelle, comme à Sangatte ou dans la Baie du Mont-Saint-Michel ». Constat sans appel : rapportant les propos d'un responsable de cabinet d'étude, Hélène Tanguy écrit que «démarrer pour un pisciculteur artisan... est une mission impossible. Quant aux producteurs français, ils ont des projets, mais leur développement se fait à l'étranger».
Une directive nationale avant juin
Le Commissaire européen, Joel Borg, a annoncé vouloir doubler la production aquacole européenne d'ici 2030, en la portant à plus de 40 Mt. «Quelle place la France veut-elle prendre dans ce défi ?», s'interroge le rapporteur. En 2005, la production aquacole française en métropole était de 240 000 t, à laquelle s'ajoutent 500 t produites dans les régions et collectivités d'outre-mer.
Hélène Tanguy soumet quelques pistes pour stimuler l'aquaculture en France : soutenir la production de truite par une très forte campagne d'image, accompagner le développement de nouvelles espèces (le tilapia ou le cobia, aux Antilles) ou encore favoriser des investissements dans l'algoculture qui semble très prometteuse. Dans l'attente d'une future loi d'orientation, l'élue bretonne demande l'élaboration d'une directive nationale pour le développement de l'aquaculture durable avant juin 2009. Ce document devrait faciliter l'accès au foncier pour les entreprises aquacoles (en créant un outil de préemption et des zones d'aménagement aquacoles) renforcer le dispositif de R&D, créer un véritable institut technique de l'aquaculture et soutenir l'innovation par des dispositifs adaptés, appuyés sur Oséo. «A l'image de la loi sur les énergies renouvelables, l'aquaculture a besoin du souffle et des moyens nécessaires à l'innovation», conclut Hélène Tanguy.
«Ce rapport met en avant les difficultés de certaines activités du secteur et l'urgence à agir», reconnaissent Michel Barnier et Jean-Louis Borloo dans un communiqué commun. Ils devraient annoncer « très prochainement » les suites qu'ils comptent donner à ce travail.