Amical adieu
Les lois cruelles de la politique entraînent la disparition de Nicolas Forrissier de l’échiquier politique, où il occupait la place d’un pion plutôt que celle d’une tour ou d’un cheval - sur la case des fous, il y a plutôt encombrement. L’ayant brocardé à son arrivée, je voudrais lui tresser une amicale couronne d’adieu. Un ministre qui n’a rien à déclarer nous repose, nous autres journalistes, de ceux qui s’imaginent avoir quelque chose à dire, et j’ai apprécié qu’il m’ait donné si peu à écrire. Il était temps qu’il partît : sur la fin, il commençait à dire des choses qui méritaient un bref commentaire. Désormais, qui viendra aux assemblées générales d’obscurs syndicats, qui soupera avec les amis des bêtes, qui fera la bise à ces dames de Bruxelles qui goûtaient fort d’embrasser un beau jeune homme comme ça plutôt que de vieux ministres ? Nicolas Forrissier a regagné sa bonne ville de La Châtre. Il y méditera sur la vie du baron de La Châtre qui, à la fin du XVIe siècle, extermina d’abord les protestants retranchés à Sancerre, puis retourna son pourpoint pour épouser la cause de la Ligue, enfin rallia Henri IV contre de substantielles compensations. Cher Nicolas, retenez pour l’avenir cette règle de survie dans la jungle politique : il faut trahir à temps, et jamais pour rien.