Alpina Savoie main dans la main avec les agriculteurs
Difficile de se démarquer sur un marché aussi basique que celui des pâtes sèches. Pour exister face à des poids lourds comme Panzani, Alpina Savoie a choisi le haut de gamme. Et depuis 10 ans, pour garantir une certaine qualité à ses spécialités – dont les fameux crozets de Savoie, la société s’est engagée dans une véritable politique de filière.
En 1997, le semoulier-pastier chambérien a ainsi décidé de nouer un partenariat avec la Coopérative de Bollène-Barjac en créant la « moisson d’or » : une récolte de blé dur qui répond à un cahier des charges strict, comme l’interdiction de tout traitement de stockage. Des exigences qui, selon le transformateur, offrent une qualité de blé essentielle à la production de pâtes haut de gamme.
Une aubaine pour la petite coopérative vauclusienne (6 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 20 000 tonnes de blé dur) qui se positionne du même coup sur un marché de niche. Partis de 3 700 tonnes, les volumes estampillés « moisson d’or » atteignent aujourd’hui 20 000 tonnes, soit le tiers des approvisionnements d’Alpina Savoie, qui a pu étendre ce type de collaboration à d’autres régions de l’Hexagone. Alors que la production française de blé dur est largement insuffisante pour répondre aux besoins du secteur (lire ci-contre) Alpina Savoie tient l’engagement de maintenir un approvisionnement 100 % français.
8 millions d’euros investis en 2006
« En tant que transformateur, on sert d’enclume entre les producteurs et les distributeurs, argumente Franck Rouard, p-dg d’Alpina Savoie. La qualité des matières premières nous permet de posséder un avantage sur le marché des spécialités de pâtes ». Ce genre de collaboration permet en outre à la société de « tracer » ses aliments de la parcelle agricole au sac de pâtes. « C’est un réel échange entre les acteurs, tient à souligner Denis Maucci, directeur de la coopérative de Bollène-Barjac. Alpina Savoie fait par exemple de la recherche, et nous sommes le développement. Lorsqu’un bon gluten est identifié, à nous de choisir la variété de blé adéquate et de l’adapter à notre terroir. » La production de couscous et de pâtes sèches – qui se limite simplement au travail du blé avec adjonction d’eau- limite le nombre d’intervenants dans la filière et facilite leur proximité.
Ce genre de démarche à cependant un coût, qui s’ajoute aujourd’hui à des cours du blé dur toujours plus haut. « Nous devons également faire face à une pression sur nos marges de la part de la GMS qui s’accroît » confie Marie-Sophie Vol, chef de produit au sein d’Alpina Savoie. La PME vient d’investir 8 millions d’euros dans une nouvelle ligne de production automatisée (désormais au nombre de 12) pour maintenir une production de produits de niche tout en étant à même de répondre aux appels d’offre des distributeurs.
Les MDD représentent 38 % de ses 63 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les marques propres environ 28 %. L’activité à l’export (5 %) d’Alpina Savoie et surtout son activité auprès des IAA (23 %) lui permettent de garder une certaine rentabilité et d’afficher des résultats à l’équilibre.