Allergènes : plus d’un industriel sur deux modifie ses pratiques
« Plus d’un industriel sur deux modifie ses pratiques pour diminuer le risque lié à la présence d’allergènes », d’après une enquête réalisée par l’agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) auprès de 106 industries agroalimentaires. Les résultats de cette enquête sont publiés juste avant la mise en vigueur des nouvelles mesures d’étiquetage (le 25 novembre, voir LM du 12 octobre). Ils seront utilisés par l’Afssa dans le cadre de la révision de son rapport d’évaluation sur les allergies alimentaires.
En interrogeant les industries, l’agence a constaté que « la question des allergènes est désormais omniprésente dans l’industrie alimentaire». A de rares exceptions près, toutes les entreprises ont déclaré avoir déjà été questionnées sur les allergènes avant cette enquête (le plus souvent par un client) et quasiment toutes déclarent interroger leurs fournisseurs sur la présence d’allergènes dans leurs produits.
Sensibilisée, la majorité des industriels modifie ses pratiques de fabrication en conséquence. L’intégration du risque allergène passe par plusieurs actions : la sensibilisation du personnel (réalisée par 60 % des enquêtés), la mise en place de guides de bonnes pratiques (par 55 %), d’un plan HACCP pour les produits contenant un allergène (72 %), le nettoyage approfondi (54 %) et la limitation de l’introduction d’allergènes majeurs dans les formulations (63 %).
Les dérives de l’étiquetage préventif
Les industriels essaient principalement de réduire l’utilisation de l’arachide, du soja, du gluten et des noix. Dans une moindre mesure, ils sont 49 % à planifier la production afin d’éviter les contaminations croisées et seulement 24 % à quantifier ou détecter les allergènes présents dans leurs produits.
En analysant plus précisément les résultats, l’Afssa note que la prise en compte du risque est plus élevée dans grandes entreprises que les moyennes, elles-mêmes plus investies que les petites. Par exemple 81 % des grandes entreprises déclarent limiter l’introduction d’allergènes dans leurs formulations et mettre en place de plans HACCP.
PME et grandes entreprises ne rencontrent pas non plus les mêmes difficultés vis-à-vis du nouvel étiquetage des allergènes. Alors que les petites citent un besoin d’informations sur la réglementation, les moyennes et grandes demandent la mise en place de seuils pour l’étiquetage, d’un « seuil de danger» pour le consommateur allergique et des informations sur les méthodes analytiques.
Les grandes (à 30 %) et surtout moyennes (37 %) entreprises sont aussi celles qui emploient le plus d’étiquetage préventif (en plus de la liste d’ingrédients) sur la présence fortuite mais aussi volontaire d’allergène. « Ces fausses mentions d’étiquetage préventif sont déconseillées car elles multiplient inutilement les informations sur l’étiquetage, et peuvent parfois conduire à des inexactitudes», souligne l’Afssa qui a décidé de mettre en place un groupe de travail sur le sujet. Ce groupe devra aussi se pencher sur la question des seuils.