Allergènes : l'intérêt d'imposer des seuils, exposé à Dublin
> Dr Joe Baumert, codirecteur de l'association américaine Farrp, mi-octobre à Dublin.
L « a multiplication des mentions de précaution sur les étiquettes des produits alimentaires impose des restrictions dans les choix alimentaires des allergiques et de leur famille, ce qui se traduit par une dégradation de leur qualité de vie », milite le docteur Joe Baumert de l'association de recherche Farrp, financée par 80 industriels de l'alimentation, et installée dans l'université du Nebraska (USA). « La recherche du zéro défaut fait courir inutilement les agences de contrôle comme les industriels », déclare-t-il. Ce défenseur des seuils était très présent lors du récent congrès des allergologues européens spécialisés en allergies alimentaires (Food allergy and anaphylaxis meeting), du 9 au 11 octobre dernier à Dublin. Farrp a en effet présenté quatre communications. L'enjeu pour l'association : obtenir un consensus sur la détermination de seuils pour des contaminations éventuelles des produits alimentaires finis, tout au moins sur les huit allergènes majeurs réglementés aux États-Unis pour les produits alimentaires préemballés.
Rappelons que du côté européen, la réglementation pointe quatorze substances à déclaration obligatoire que ce soit dans les aliments préemballés comme, à partir du 13 décembre 2014, dans les produits non préemballés. « Nous avons assez de données pour la majorité des plus grands allergènes, même s'il faut continuer à collecter des informations sur les sensibilités des allergiques », poursuit-il. Il estime que la détermination de seuils de sensibilité des allergiques doit se traduire en seuils de contamination dans les aliments puis en étiquetage de précaution.
Les allergies alimentaires sont stables dans l'Union européenne contrairement à une idée reçue. Mais elles sont mieux identifiées grâce aux méthodes de diagnostic (sensibilisation versus allergie, IgE médié ou non…) et à l'identification des réactions sévères et fatales comme des facteurs aggravants (asthme, médicaments,…). C'est ce qu'expliquait Carine Venter de l'université de Portsmouth dans sa conférence introductive du congrès des allergologues européens spécialisés en allergies alimentaires. L'European academy of allergy and clinical immunology vient d'éditer des guidelines y compris un chapitre sur la protection des consommateurs (voir informations sur le site : www.eaaci.org/resources/ food-allergy-and-anapyhlaxisguidelines.html). Le projet européen Europrevall, terminé l'an dernier, se prolonge dans un second projet de quatre ans, afin d'apporter des réponses plus fiables et de proposer des moyens d'action.
De nombreuses questions restent posées sur ce transfert et la finalité de tels seuils. Ce n'est en effet pas l'opinion de l'Efsa (agence de sécurité européenne) qui, dans un rapport soumis aux commentaires publics cet été, et prochainement publié, ne considère pas la détermination de seuils comme possible actuellement.
Les positions des différentes parties prenantes sont très hétérogènes, mais évoluent. Ainsi, les allergologues ont-ils tendance à adoucir leurs recommandations en autorisant leurs patients aux risques les moins élevés à consommer des produits avec des traces d'allergène (mais sans définition de ce que sont ces traces). Les associations d'allergiques ont des positions très différentes : l'association européenne EFA milite pour la suppression de toute mention de précaution assortie d'une application stricte de l'HACCP allergène comme en hygiène. Les seuils seraient uniquement techniques pour l'industrie et les contrôles. L'association australienne soutient au contraire la démarche volontaire Vital dont les seuils ont été déterminés par l'équipe du Farrp conduite par Steve Taylor.