Allemagne
Le DBV ferme sur la PAC
Le DBV (le syndicat agricole majoritaire) attendait plus de 6 000 participants au « Bauerntag », le grand congrès agricole bisannuel qui a lieu cette année à Rostock. Cette grand-messe devait être l’occasion de solder les comptes avec la coalition politique « rouge-verte » au pouvoir à Berlin, et d’annoncer les revendications vis à vis de la CDU/CSU en vue des élections de septembre. Gerhardt Sonnleitner, le président du DBV, n’y va pas de main morte et demande de l’oxygène pour une agriculture entrepreneuriale. « Après sept années de vaches maigres, nous n’attendons pas sept années grasses, dit-il, mais un changement de politique faisant cesser les contraintes nouvelles, les taxations spécifiques et les blocages dirigistes. » Pour le DBV, aucun état d’âme : le financement de la PAC est intouchable jusqu’en 2013 ; et le cofinancement est une « ânerie » qui n’amènera aucune économie à l’Allemagne, car ce qu’elle croira économiser avec la politique agricole, elle devra le remettre en politique structurelle. « Nos priorités sont simples : des conditions loyales de concurrence, et une diminution de la bureaucratie européenne. Le secteur agricole et agroalimentaire avec ses quatre millions d’emplois est un secteur économique déterminant. » Sonnleitner ajoute même : « l’agriculture ne doit pas devenir une aire de jeu pour ceux qui rêvent en plein jour ou pour des esprits marginaux !»
Le CDU-CSU : pas question de toucher aux dépenses agricoles
Ces positions fermes du DBV ont trouvé rapidement un écho chez les politiques. Comme nous l’annoncions la semaine dernière ici même, la CDU/CSU fait machine arrière sur la PAC et son financement. Angela Merkel, avait affirmé en pré-campagne électorale qu’il fallait diminuer les subventions agricoles. Mais le DBV a protesté avec véhémence. Les représentants CDU/CSU sont accourus à Rostock au « Bauerntag » pour affirmer qu’il ne sera pas question de toucher aux dépenses agricoles européennes jusqu’en 2013. Le cofinancement n’est pas non plus à l’ordre du jour, a affirmé la députée Hasselfeld, porte-parole agricole du groupe parlementaire CDU/CSU. Avant l’intervention de la leader du CDU jeudi dernier, Sonnleiter avait mis la barre à niveau : « Nous sommes strictement contre un revirement dans les bras des Britanniques anti-européens. Quiconque met en cause le financement doit savoir qu’il se dresse contre les paysans allemands et européens.»
Le CDU/CSU demande maintenant que les économies nécessaires se fassent sur les programmes de développement rural. Ils visent évidemment les financements bios et environnementaux. Quant à la ministre en poste Renate Künast, elle a livré une brève passe d’arme avec le président du DBV sur les OGM, et s’est fait sévèrement taclé en s’entendant répondre que « l’indifférence aux paysans traverse comme un fil rouge cette législature. »