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Aliments du bétail : la France à la peine

L'usine Thivat Nutrition animale de Pouligny-Notre-Dame (Indre).
La baisse des tonnages de ces derniers mois fait craindre à l’industrie de l’alimentation animale pour sa place en haut du podium européen. Retour sur les difficultés que connaît actuellement cette industrie.

La France conservera-t-elle sa première place européenne en production d’aliments composés pour les animaux d’élevage ? Les difficultés actuelles des productions porcine ou laitière peuvent en faire douter. À nos lecteurs qui peuvent suivre, mois par mois dans nos colonnes, l’évolution des fabrications d’aliments composés, nous rappellerons que pour le premier trimestre 2009, elles ont reculé de 8 % par rapport aux trois premiers mois de 2008.

Le bilan de l’année 2008, réalisé à l’occasion de l’assemblée générale du Snia (Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale), réunie fin mai à Paris, donne une photographie en trompe-l’œil de la situation. En 2008, l’industrie française de l’alimentation animale aura encore réussi à préserver sa première place sur le podium européen en produisant 22,5 millions de tonnes d’aliments composés, soit une nouvelle progression, pour la deuxième année consécutive, de 1 %. Ces chiffres, présentés à l’assemblée générale du Snia, se révèlent un peu plus positifs que les estimations provisoires parues en début d’année et qui laissaient plutôt conclure à une stagnation après la reprise de 2007. Quoi qu’il en soit, le léger gain noté en 2008 ne doit pas cacher qu’il a été surtout réalisé dans la première partie de la campagne, grâce à une catégorie d’aliments, ceux pour bovins, et que la tendance (notamment pour ce type d’aliments) s’est inversée depuis. Les aliments porcs, encore en légère progression au premier semestre de 2008, ont terminé l’année sur une baisse de 1,7 % ; en volailles, seuls les aliments pour poules pondeuses et pour palmipèdes ont progressé.

Notons cependant que depuis le début des années 80, la production française est passée de 15 à plus de 22 millions de tonnes (hors « pet food »), ouvrant ainsi un débouché élargi aux matières premières agricoles françaises, céréales, graines oléagineuses, tourteaux métropolitains, coproduits de l’industrie agroalimentaire (voir le graphique).

La France précédait l’an dernier d’assez peu l’Allemagne qui avait réalisé 21,8 millions de tonnes, mais avec une croissance plus dynamique que l’Hexagone : + 2,4 %. En troisième position figure l’Espagne, avec 19,2 millions de tonnes qui reflètent une forte baisse de près de 10 %. Suivent l’Italie et les Pays-Bas, quasi ex æquo autour de 14,5 millions de tonnes. Ces deux pays se sont distingués en 2008 par des progressions respectives de 3,1 % et 5,7 %. Tandis que la Pologne a gagné 2,8 % sur sa production, atteignant maintenant 7,1 millions de tonnes, devant la Belgique.

La France en tête de l’aliment pour volailles

Les pays de l’Union européenne occupent des places différentes selon les catégories de produits. L’Allemagne et l’Espagne dominent le secteur de l’aliment pour porcins, avec plus de 9 millions de tonnes. La France arrive de loin en première position devant tous ses autres partenaires en matière d’aliments pour volailles, et suit de près l’Allemagne en aliments bovins. La Pologne offre une intéressante production d’aliments volailles avec 4,4 millions de tonnes, sur un total de 7,2 millions de tonnes. À travers cette diversité, l’Europe à 27 a produit l’an dernier 150,7 millions de tonnes d’aliments composés, en quasi-stabilité (- 0,4 %)

La concentration de l’industrie se poursuit

L’industrie française de la nutrition animale concerne 214 usines réparties sur 317 sites de production (161 sites pour les adhérents du Snia). Elle représente un chiffre d’affaires de 6,85 milliards d’euros. Comme pratiquement toutes les industries agroalimentaires, celle de l’alimentation animale a subi, surtout depuis 2000, un phénomène de concentration. Le nombre d’usines de petite capacité continue de baisser, celui d’usine de grande capacité se maintient, ce qui se traduit par une forte augmentation du tonnage moyen par entreprise : + 44 % en 7 ans, par rapport au tonnage moyen des sites de production (+ 13 %) sur la même période. Treize entreprises de plus de 350 000 tonnes représentent près de la moitié de la production nationale et le plus grand nombre d’usines (65 sites) est celui des unités produisant entre 50 000 et 100 000 tonnes par an. La concentration a ses limites. L’efficacité industrielle se conjugue à la contrainte logistique : il importe de rester proche des lieux d’élevage, lesquels sont beaucoup plus concentrés dans le Grand Ouest que dans le Sud-Est. Ainsi, la Bretagne produit 339 tonnes au km2, les Pays de la Loire 122 t/km 2, le Nord 56 t/km 2, la Bourgogne 23 t/km 2, l’Aquitaine 25 t/km 2, et la région Paca 4 t/km 2.

Le secteur continuera cette année de jouer son rôle d’amortisseur des cours des matières premières, après une campagne 2007-2008 singulièrement mouvementée. Le marché de ces matières premières « reste tendu et volatil, les cours s’apprécient et les prix de revient augmentent,a prévenu le président du Snia, Adolphe Thomas, à l’assemblée générale du Snia. Dans le même temps, bon nombre de nos clients éleveurs sont en situation particulièrement difficile ». Passer des hausses ne sera pas aisé.

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