Albert Ménès : le conservatoire du bon goût
Il y a un secret particulièrement bien gardé chez Albert Ménès. C’est l’identité des 80 à 90 fournisseurs qui fabriquent les 380 produits portant la marque de l’entreprise. La société, qui cultive habituellement la discrétion, est sortie de sa réserve il y a quelques jours pour une présentation de ses activités à la presse. Mais, malgré notre insistance, les cadres ne sont pas allés jusqu’à lever le voile sur le nom des PME qui concoctent ses produits. « C’est un peu notre boîte noire », se justifie l’un d’entre eux.
« Le métier d’Albert Ménès, c’est d’être un explorateur de la tradition culinaire française ; de rechercher, de sélectionner et de mettre à la disposition des consommateurs des produits spécifiques », précise Pierre-Olivier Artru, le p-dg de la société depuis 2004. Depuis un siècle, la liste s’est beaucoup allongée. A l’origine -la société a été créée en 1921-, le fondateur Albert Ménès commercialisait des épices, dont il était importateur, et des produits exotiques. Puis l’entreprise a inséré peu à peu dans sa gamme des produits artisanaux des régions françaises, à commencer par des biscuits. Depuis1970 et l’arrivée à la tête de l’entreprise d’un spécialiste de la distribution, Thierry Hervey, la gamme s’étend à tous les produits d’épicerie : confitures, conserves de poissons, rillettes, condiments, biscuits salés et sucrés, etc. En tout, près de 25 gammes, déclinées au sein de cinq « collections » : petit-déjeuner, repas, apéritif, épices et fruits secs.
L’entreprise, si elle appose sa marque sur tous les produits, ne dispose donc pas de site industriel propre (elle contrôle néanmoins directement l’activité épices et celle des confitures, via la société Curtelin). Les produits, très majoritairement en provenance de France, sont réceptionnés sur une plateforme située à Clichy (92), en banlieue parisienne où se trouve également le siège d’Albert Ménès.
Gérer un rayon pour les GMS
Les produits sont ensuite livrés aux 1 600 points de vente clients de l’entreprise, pour l’essentiel des grandes surfaces. « La grande distribution, c’est un choix, précise Pierre Marçais le directeur commercial. Autant que possible, nous proposons aux GMS de gérer un petit rayon d’épicerie fine, composé d’une ou deux armoires de 1,33 mètre linéaire. » Une activité commerciale essentielle : elle mobilise la moitié des 48 employés d’Albert Ménès. Les relations avec les fabricants sont basées sur un « contrat moral », assure Pierre-Olivier Artru. « Les trois quarts d’entre eux sont des fournisseurs avec qui nous travaillons depuis le départ, précise-t-il. Car il y a peu de rotations des produits. Quelques-uns meurent de leur belle mort et quelques nouveaux apparaissent chaque année » (10 nouvelles références et 4 nouveaux fournisseurs en 2006, Ndlr). Le service qualité de l’entreprise (deux personnes) veille à la sélection des matières premières et à l’exclusion des conservateurs, exhausteurs de goût, etc.
Pour l’instant, le choix d’une gamme élargie et celui de la grande distribution s’est avéré payant. Le chiffre d’affaires (22 millions d’euros en 2006) a décollé ces dernières années : + 28 % depuis 1998.