Agrofood marque un tournant pour les PME agroalimentaires
Le congrès Agrofood organisé la semaine dernière en Bretagne par la Commission européenne sur le thème d’une « industrie agroalimentaire européenne compétitive », a attiré quelque 200 participants. Pour les organisateurs, Valorial et Bretagne Innovation, cette « forte affluence » a été une démonstration de force de la part du Grand Ouest. Le premier bassin agroalimentaire d’Europe, spécialement choisi pour la densité de ses PME, s’est montré prêt à influer sur la politique européenne.
Michel Pinel, directeur du Pôle de compétitivité agroalimentaire Valorial, visait un rapprochement entre le tissu industriel français et les instances bruxelloises. Il pense que les liens se sont renforcés entre les développeurs français et les principaux fonctionnaires européens susceptibles de les épauler. En effet, le président de la rencontre, Michel Coomans, chef de l’unité Alimentaire de la direction Entreprise et Industrie de la Commission européenne, était accompagné de ses collaborateurs. « Maintenant on se connaît », dit simplement Michel Pinel, dont l’ambition pour 2009 est d’aider les entreprises à monter leurs dossiers pour bénéficier d’un contrat européen.
Les outils mis à la disposition des entreprises par Bruxelles sont fort nombreux, assure le directeur de Valorial. Si nombreux qu’il est difficile de s’y retrouver ; tout cela manque de lisibilité, a-t-on déploré au congrès Agrofood. Les PME ont découvert ces outils que les Chambres de commerce et d’Industrie ou Bretagne Innovation peuvent mettre à leur disposition. Elles n’ont pas manqué de revendiquer des procédures plus simples. La Commission européenne a bien l’intention de rendre son dispositif plus accessible aux petites entreprises européennes, de « mieux comprendre leurs préoccupations et leurs besoins » en allant à leur rencontre.
« Innovation organisationnelle »
Les voies de progrès sont multiples, rappelle Michel Pinel. L’innovation ne se limite pas aux produits ; elle concerne aussi la politique énergétique, l’organisation, les technologies de l’information et des communications (informatique, radio-fréquence, imagerie industrielle), les biotechnologies, l’intelligence économique… Le Grand Ouest a relevé les défis de la productivité et de la qualité, « on doit maintenant mettre de la matière grise dans nos assiettes », résume-t-il. La faiblesse des PME est de travailler à marge réduite. Leur force est leur capacité à travailler en réseau avec l’appui de centres de recherche et de formation. La Laiterie de Montaigu, en Vendée, s’est donnée en exemple « d’innovation organisationnelle ». Son directeur industriel, Eric Blanchard, a décrit le passage, en dix ans, d’une production de « commodités » à des spécialités pour produits infantiles vendus en pharmacie. La laiterie a développé son « savoir-faire spécifique » en faisant appel à l’extérieur (Inra, consultants, IAA des Pays de la Loire (Igeria), etc). Elle s’est orientée vers l’Iso 22 000 puis a centralisé ses informations à l’usage des responsables de projets. La production et la maintenance se sont dotées d’interlocuteurs qualité et ces deux services travaillent cette année en commun à l’optimisation qualitative. Encourageant.