Agriculture raisonnée : les producteurs à convaincre
Les Marchés : Maintenant que tout est prêt, où en est-on de l’agriculture raisonnée ?
Nicolas Larmagnac : Il était temps que tout ceci se mette en place. Le décret du 26 mars sur l’étiquetage et la communication nous convient, la CNAR va pouvoir commencer à travailler. Ce fut un long travail collectif qui dépasse le seul cadre associatif. Toutes les tendances étaient représentées et l’on peut vraiment parler d’un résultat équilibré entre toutes les aspirations. L’agriculture raisonnée n’est pas la réponse à tous les problèmes. C’est un outil au service de la transparence, qui répond aux attentes sociétales en matière d’environnement et de bien-être animal. Il faut qu’elle devienne le standard de l’agriculture de demain.
L.M. : Vous êtes membre de la CNAR. Comment va-t-elle fonctionner ?
N.L. : Les Commissions régionales qui sont sur le terrain feront remonter les référentiels par secteur et par région en fonction des besoins communs des opérateurs. La CNAR essaiera d’harmoniser au maximum tous ces référentiels et les validera. Le ministère décidera en dernier ressort et publiera au JO. Ensuite, ce sera aux organismes certificateurs d’intervenir. Nous devrions voir les premières exploitations qualifiées à partir du mois de juin.
L.M. : Ressentez-vous les producteurs prêts à démarrer ?
N.L. : Les agriculteurs n’y vont pas de bon cœur. L’agriculture raisonnée est souvent vécue comme une contrainte avec des obligations qui n’engendreront pas de plus-value. Il faut que les producteurs comprennent que c’est une démarche d’éthique qui n’est pas directement monnayable. La démarche est faite pour les maintenir le plus longtemps possible sur leurs exploitations, maintenir l’agriculture à la place qui lui revient et changer l’image des exploitations. Si les agriculteurs s’engagent en masse, ce sera un succès. On peut présager qu’ils seront fortement sollicités par leur aval, transformateurs ou distributeurs. Les producteurs travaillant avec les signes de qualité devraient montrer l’exemple. Les consommateurs ne comprendraient pas que des produits sous Label Rouge, CCP, AOC ou IGP ne soient pas issus d’exploitations qualifiées. À ce titre, il sera nécessaire de prévoir des passerelles entre CNAR et CNLC.