Agriculture : deux candidats, deux méthodes
        
      
      
      Entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, les méthodes diffèrent pour conquérir l'électorat agricole et consolider le secteur agroalimentaire français. L'angle d'attaque du candidat de la droite, en tête des votes de l'électorat agricole au premier tour, repose sur une vision économique et intégrée du sujet. Pour preuve la liste des nombreux participants réunis en octobre lors de la Convention de l'UMP sur le monde agricole.
À cette occasion, Christiane Lambert, Xavier Beulin (FNSEA), Michel Prugue (président de l'Inao), Nicolas Jaquet (Coordination rurale), Philippe Mangin (Coop de France), Philippe Meurs (JA), Pascale Briand (Afssa), Serge Papin (Système U) ou encore Jean René Buisson (Ania) avaient fait le déplacement pour donner leur point de vue sur le secteur. Au cours de cet événement fondateur, Nicolas Sarkozy a dévoilé les grandes lignes de son programme agricole, avec quelques déclarations iconoclastes, comme celle de vouloir « favoriser la déconcentration de la grande distribution ».
L'empreinte de Bercy sur le programme Sarkozy
Le candidat n'a pas indiqué quels moyens il mettrait en œuvre pour y parvenir, mais sur ce sujet, c'est très certainement l'ancien ministre de l'Économie et des Finances qui s'est exprimé. Durant l'été 2004, il avait mis la pression sur les industriels et distributeurs pour baisser les prix des grandes marques de 2 %, un objectif quasiment atteint malgré de nombreux blocages.
Nicolas Sarkozy (qui n’a, contrairement à Jacques Chirac, aucune attache rurale) assure être en phase avec les grands sujets du monde agricole, qu'il s'agisse de la défense de la PAC jusqu'en 2013 ( « il n'y a aucune raison d'en changer d'ici là »), de la promotion des biocarburants via de multiples incitations fiscales ou encore de la critique du fonctionnement actuel de l'OMC. Parmi ses prises de positions, le partisan d'un nombre resserré de ministères a déclaré dans les colonnes de notre confrère Agra Presse que « si l'agriculture devait être regroupée avec un autre ministère, la logique voudrait que ce soit avec celui de l'Economie ».
Contrairement à Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal n'a pas organisé d'événement particulier pour s'exprimer sur le dossier agricole. Avant son investiture, le Parti socialiste avait tenu les 13 et 14 mai 2006 à Aurillac un colloque national sur le sujet, mené par Germinal Peiro secrétaire national à l'agriculture.
La commission nationale agricole du PS a rédigé fin 2006 une contribution sur l'agriculture, les forêts et les territoires ruraux, présentée à la presse en janvier par François Hollande et Germinal Peiro. La candidate du PS a choisi de s'exprimer sur le sujet de la PAC, lors d'une visite d'exploitation agricole du Poitou-Charentes, le 14 janvier dernier (lire ci-contre). Dans le texte, son discours sort quelque peu des grandes lignes du programme du parti, s'inspirant de son action à la présidence de la région Poitou-Charentes. Elle propose la mise en place d'un plan d'autonomie protéique (déjà lancé dans sa région en mars 2005), de développer le pâturage des animaux et d'aider à l'implantation des prairies ou encore d'encourager l'agriculture biologique pour obtenir 10 % des surfaces en agriculture bio en 2012.
La vision écolo de Royal
La candidate souhaite des États généraux de l'agriculture qui pourraient déboucher sur une nouvelle loi d'orientation. L'agriculture est souvent abordée par Ségolène Royal sous l'angle environnemental. Cela se traduit dans son pacte présidentiel. Elle y propose de promouvoir une agriculture qui assure une alimentation de qualité, respectueuse de l'environnement, d'arrêter les cultures OGM en plein champ, de prévenir l'impact des pollutions sur la santé (via notamment un programme national de réduction de l'utilisation des pesticides). Enfin, elle évoque l'idée d'une « PAC mondiale » qui donnerait une vraie chance à l'agriculture des pays en développement. À ce propos, elle vient de confier à José Bové une mission d'étude sur la question de « la mondialisation et la souveraineté alimentaire ».