AGPB : le grand malaise des céréaliers
Le congrès de l’Association des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), s’est déroulé dans une ambiance tendue, les 8 et 9 juin à Lille. Mercredi, plus de 2 000 agriculteurs du grand bassin parisien avaient manifesté à Paris, Orléans et dans d’autres villes. Ils entendaient protester contre l’effondrement des prix du blé. A 85 €/t, ceux-ci n’ont jamais été aussi bas, les silos sont pleins, alors que la prochaine moisson approche et qu’elle s’annonce abondante en France comme chez nos partenaires.
Les céréaliers en veulent surtout à la Commission qui préfère accumuler les stocks plutôt que d’exporter en accordant des restitutions qui permettraient de dégager le marché et de soutenir les prix. A Lille, le président de l'AGPB Philippe Pinta est monté au créneau pour dénoncer cette « gestion calamiteuse ».
Le message a été bien reçu par M.Bussereau, qui était présent à Lille. Il a reconnu que les revendications des céréaliers « étaient justes et légitimes » et qu’il ferait ce qui est en son pouvoir pour que la Commission fasse « preuve de plus de dynamisme en matière de restitutions ». Il s’est entretenu en ce sens avec Mariann Fischer Boel, lors du dernier conseil des ministres. Il n’en reste pas moins que les céréaliers sont inquiets sur leur avenir. Ils le sont d’autant plus que le financement de l’Europe pour 2007-2013 est toujours en discussion. Le volet financier de l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie n’a pas été programmé. Philippe Pinta redoute une baisse des aides de 15 % plus 5 % liées à la modulation. Soit 20 % en tout si aucune décision n’est prise pour y faire face. Or « 1 point d’aides représente 2 à 3 points de revenu» s’alarme le président. Un certain nombre de pays, dont la France, se refuse à accorder des moyens supplémentaires et plaide pour un plafonnement à 1 % du PIB des ressources de l’Union.
Les céréaliers attendaient aussi le ministre sur les biocarburants. Si les pétroliers ont fini par accepter l’éthanol pour fabriquer de l’ETBE incorporé dans l’essence, ils se refusent à faire de l’incorporation directe, alors que ce serait le seul moyen d’offrir des perspectives durables de débouchés. Dominique Bussereau a été muet sur ce point. La bataille des lobbies n’est pas terminée.