Affrontements entre les géants de la bière
Depuis le début du mois, le titre du brasseur Scottish & Newcastle (S & N), propriétaire des marques Kronenbourg, 1664, Foster’s ou encore Baltika s’est apprécié de plus de 25 %. Cette flambée trouve son explication dans les rumeurs d’OPA des concurrents Carlsberg et Heineken, qui ont finalement confirmé le 17 octobre leur volonté de mettre la main sur le brasseur britannique. Une offre à hauteur de 720 pence par action a été faite par Carlsberg et Heineken, qui du statut de concurrents sont passés à celui de partenaires dans cette opération. Le Danois et le Hollandais projettent de mettre en place une coentreprise pour mener leur projet de rachat à son terme, mais c’est sans compter sur la pugnacité de S & N. N° 1 de la bière sur les marchés anglais, irlandais, français, russes et indiens, le groupe possède également d’intéressantes perspectives de croissance sur les marchés émergents. Son président Brian Stewart a qualifié la tentative d’OPA de « proposition non sollicitée et dérisoire », menée « pour s’emparer à vil prix du portefeuille sans pareil de S & N ». Lors de la présentation de ses résultats semestriels, le brasseur britannique a rapporté un CA en hausse de 7,8 % à 2,1 milliards de livres, et un EBITDA encore plus performant à 338 millions, soit une progression de 10,4 %. Les ventes en Russie de la filiale BBH ont explosé (+30% en volume, +47 % en valeur). Cette pépite, détenue à parité par S & N et Carlsberg motive certainement le Danois qui voit dans l’OPA le moyen d’en récupérer la totalité. En cas de réussite de l’opération, Carlsberg mettrait la main sur les actifs français et grecs du groupe britannique, ainsi que sa participation sur le marché chinois, tandis qu’Heineken récupérerait le solde. La redistribution des cartes est très rapide chez les brasseurs, puisqu’aux Etats-Unis les n° 2 et 3 du marché (respectivement SABMiller et Molson Coors) viennent d’annoncer leur volonté de s’associer sur ce pays d’ici la fin de l’année, au travers d’une coentreprise qui devrait représenter un CA de 6,6 Mds de dollars.