Affaire Feta : suite et peut-être fin
Après la décision de la Commission européenne d’enregistrer la Feta en AOP, le Danemark et l’Allemagne avaient intenté un recours devant la Cour européenne de justice du Luxembourg visant à annuler la décision de la Commission. Suivant l’audience du mois de février, l’avocat général M. Ruiz-Jarabo, dans son réquisitoire, a conclu que les demandes de l’Allemagne et du Danemark n’étaient pas recevables et qu’il convenait de rejeter le recours de ces deux Etats membres (lire LM d’hier). Il reste maintenant à la Cour à se prononcer. Mais, si d’une manière générale la Cour suit les recommandations de l’avocat général, elle garde aussi son libre-arbitre. Les producteurs de Feta française devraient être fixés sur leur sort avant la fin de l’été. Rappelons que la France est un gros producteur de Feta avec 12 000 tonnes de fromage équivalant à 40 millions de tonnes de lait dans la zone géographique de Roquefort et le seul état, en dehors de la Grèce, à produire de la Feta à partir de lait de brebis. Le futur arrêt de la Cour, s’il va dans le sens des conclusions de l’avocat général, interdirait donc l’utilisation du terme Feta, qui serait alors réservé à la Feta produite en Grèce. « Si la Cour européenne de justice va dans le sens des conclusions de l’avocat général, le système des AOP sera mis en danger à l’OMC, regrette Luc Morelon, directeur des relations extérieures de Lactalis. C’est une faille dans le système qui ne manquera pas d’être exploité par les pays du groupe de Cairns mais aussi par les Américains». Le groupe Lactalis est propriétaire de la principale marque française de Feta : Salakis.