2006 sera une nouvelle année sans anchois
L’année 2005 s’était avérée très mauvaise pour les pêcheurs d’Anchois méditerranéen et maudite pour ceux du Golfe de Gascogne. 2006 ne fera pas mieux. Arrêtée par décision administrative dans l’Atlantique, la pêche se poursuit dans la grande bleue mais les prises sont limitées et rares. « Cette année encore, les captures sont faibles et relativement sporadiques, inférieures de 30 à 50% à une année normale. Mais en poisson bleu, il est difficile d’avoir des références, puisqu’il y a une grande variabilité», indique Bruno Karpinski, directeur de l’OP de pêcheur de Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales. Selon lui, ce n’est pas tant un problème de ressources que d’accessibilité des stocks. « Si les anchois sont trop au large, les bateaux ne peuvent pas les atteindre». Quant à savoir ce qui provoque cette raréfaction, il évoque la conjugaison de plusieurs facteurs: un effort de pêche important, des chaluts qui font beaucoup de bruit dans l’eau, peut-être aussi la canicule de 2003 et le réchauffement des eaux qu’elle a provoqué...
« Mais la situation peut se retourner très vite, les anchois ont une durée de vie courte, une maturité sexuelle très précoce...» Pour les conserveurs, la situation est plus complexe, même si François Desclaux, conserveur à Collioure, s’appuie sur l’histoire pour relativiser. « Durant la première partie du XXe siècle, il ne se pêchait pas d’anchois à Collioure. A cette époque, les entreprises de salaisons s’étaient délocalisées en Algérie, parce qu’il s’en pêchait dans le Golfe d’Oran.» Si les entreprises ne se sont pas toutes délocalisées de nos jours, elles sont maintenant contraintes de s’approvisionner à l’étranger. « Nous achetons des anchois de qualité par lots», poursuit François Desclaux, « en Adriatique par exemple ou en Argentine comme cette année. Il faut que nous puissions quand même travailler...»
Conséquence de cette raréfaction des prises les prix: à plus de 3 € en moyenne le kilo l’an dernier, ils restent sur les mêmes bases pour 2006, avec des pointes jusqu’à 6 € en Méditerranée et jusqu’à plus de 12 ou 13 € le kilo en Bretagne. Pour l’heure, les ports méditerranéens et les bateaux sauvent leur année grâce à la sardine dont les prises flirtent avec les records, malgré des cours sensiblement dégradés.