2004 : Année charnière pour le maïs doux
Réunis en assemblée générale cette semaine à Lyon dans le cadre du Congrès du maïs, les producteurs de maïs doux ont dressé un bilan décevant de la campagne écoulée. L’an dernier, pour la première fois, plus de 30 000 ha de surfaces avaient été semés en maïs légume. Les conditions climatiques extrêmes ont réduit la surface récoltée à 28 700 ha et affecté le rendement. La marge brute des producteurs s’est érodée de 7,8 % par rapport à 2002 et de 19,6 % par rapport à 1999. Résultat : une baisse des surfaces cultivées (ce qui n’était pas arrivé depuis 7 ans), de 10 %.
Les perspectives sont plus inquiétantes. Exportant les deux tiers de sa production, elle n’occupe plus que le 3e rang mondial alors qu’elle occupait le 2e rang il y a 2 ans. Le décalage entre les réglementations européennes et françaises est une source de concurrence avec d’autres pays producteurs comme la Hongrie et l’Espagne. La montée en puissance de la Thaïlande depuis quelques années à également de quoi inquiéter le maïs doux français.
La production thaïlandaise a atteint cette année les 120 000 tonnes, contre 40 000 tonnes il y a deux ans et dans le même temps, ses exportations ont fait un bond de 35 %. Une météo très favorable, un coût d’investissement 4 fois moins important qu’en France et un coût à l’heure de travail à 0,05 euro expliquent ce développement. Le Brésil, avec des avantages structurels et commerciaux indéniables (potentiel de production, coût très bas…), se réveille doucement.
Un point devrait conforter la filière sur son propre marché : son parti pris pour le non-OGM. En effet, alors que l’ensemble de la filière maïs s’élève d’une seule voix pour dire oui aux organismes génétiquement modifiés, la branche maïs doux reste beaucoup plus prudente en martelant qu’il n’y a pour l’instant en France aucune variété OGM de maïs en culture à destination de la consommation humaine. « Le marché et les consommateurs français ne veulent pas de produits OGM. Il est donc inutile aujourd’hui d’en produire. Le jour ou les produits OGM seront moins chers que les autres, il faudra que notre filière se pose à nouveau la question de la culture ou pas», précise un membre du bureau de l’AGPM maïs doux.