1ère commission paritaire régionale emploi-formation
> Jean-Luc Cade, directeur de l'Association bretonne des entreprises alimentaires (Abea)
Les Marchés Hebdo : Qu'est-ce que cette commission paritaire (CPREFP) et que va-t-elle apporter ?
Jean-Luc Cade : Elle rassemble l'ensemble des organisations d'employeurs et de salariés de l'industrie agroalimentaire et des artisans de détail alimentaire de Bretagne, à l'exception de FO qui n'a pas encore voulu signer. Mais nous espérons qu'ils finissent par rejoindre la commission. La CPREFP va agir comme interface entre les entreprises et les pouvoirs publics dans la mise en œuvre d'une politique de l'emploi et de la formation la plus adaptée aux besoins du secteur.
LMH : Pourquoi la Bretagne est-elle le laboratoire de ce type de commission pour l'agroalimentaire ?
J.-L. C. : La commission s'inscrit dans le processus d'évolution des relations sociales du premier secteur industriel de la région. En 2013 à la suite de la fermeture de plusieurs entreprises en Bretagne, l'État avait signé avec la Région un contrat de plan appelé Pacte d'avenir pour la Bretagne qui appelait notamment à des relations sociales renouvelées. La conférence sociale régionale qui a suivi a intégré l'idée de ce dialogue. Une instance spécifique a été mise en place l'année suivante rassemblant les organisations patronales et salariales. C'est dans cette instance qu'a émergé l'idée de cette commission paritaire.
LMH : Quelles sont ses missions ?
J.-L. C. : Elle va décrire la situation actuelle de l'emploi et de la formation en Bretagne en lien avec le Gref-Bretagne (Groupement d'intérêt public sur l'emploi et la formation, ndlr) et l'Opcalim qui collecte les fonds destinés à la formation professionnelle. Une carte des formations en apprentissage et en alternance sera établie ” de manière à faire coïncider les besoins des entreprises avec les actions de la région. La CPREFP formulera des avis ou des propositions, par exemple en matière de numérique pour que les formations s'adaptent à la mutation des emplois dans l'industrie agroalimentaire. Il faut savoir que les IAA bretonnes recrutent en moyenne 4 500 personnes par an pour renouveler ou développer l'emploi du secteur qui représente 60000 salariés industriels. Le secteur du détail alimentaire compte, lui, 28000 salariés.
“ Une carte des formations en apprentissage et en alternance sera établie
La situation sociale de 2013 en Bretagne (fermetures de l'abattoir Gad, de l'unité de saumon fumé Marine Harvest, restructuration du volailler Doux…) était telle que l'Etat avait signé avec la Région le Pacte d'avenir. Au chapitre agroalimentaire, celui-ci estimait que « l'agroalimentaire régional ne peut envisager l'avenir sans rénover le dialogue social aujourd'hui insuffisant au sein de la filière même si très présent dans certaines entreprises. Ce dialogue doit être favorisé au sein de l'ensemble des IAA bretonnes et doit résulter d'un effort partagé des dirigeants et des instances représentatives du personnel. »
LMH : La commission peut-elle être l'outil qui améliorera le recrutement dans les métiers sous tension ?
J.-L. C. : Sur les quatre métiers en tension dans l'agroalimentaire breton – conducteurs de lignes, techniciens de maintenance, opérateurs des viandes et technico-commerciaux –, une formation adaptée ne suffit pas. Il faut parallèlement de la communication pour attirer de nouveaux publics dans un secteur qui souffre d'une image dégradée. La commission et ses 30 membres se réuniront quatre fois par an à Rennes. La première fois en mai pour élire pour deux ans un président et un vice-président. Nous avons conscience d'éprouver la décentralisation et d'agir dans un cadre expérimental, comme un maillon au plus près du terrain de politiques nationales. Les autres régions vont regarder de près l'action de la Bretagne, avant de se lancer à leur tour.