10 000 vignerons attendus dans la rue
«On demande qu’un plan Bussereau se mette en œuvre », a affirmé hier Bernard Layre, président des Jeunes agriculteurs. Au même titre que la FNSEA, le syndicat des jeunes a rejoint l’association générale de production viticole (AGPV) Composée du CCVF (coopératives), de la CFVDP (producteurs de vins de pays), de la CNOC (producteurs de vins et eaux-de-vie à vin à AOC) et des VIF (vignerons indépendants), qui regroupe l’ensemble des professionnels de la filière, pour une journée de mobilisation.
Tous parlent d’une « crise sans précédent » que la filière traverse depuis plusieurs mois. La récolte 2004, supérieure de 9 % par rapport à la moyenne des trois dernières années, vient aggraver une situation déjà difficile. Les marchés à la production sont atones : à 15 semaines de campagne 2004-2005, les activités sont en net recul (-29 % pour les vins de table et de pays rouges et rosés, -43 % pour les vins de table et de pays blancs). Sur les 12 derniers mois de campagne, les ventes en grande distribution ont diminué de 2,6 % et les achats des restaurateurs ont reculé de 4 %. Les exportations de vins tranquilles ont baissé de 8,4 % en valeur. Résultat : « dans le Bordelais : 500 à 1 000 exploitations ont des problèmes de trésorerie », affirme Christian Paly, président du Cnaoc.
« Une première dans l’histoire »
Les jeunes vignerons qui ont beaucoup investi sont notamment très touchés. Dans ce climat d’inquiétude, la diffusion de la dernière campagne de l’Inpes a mis le feu aux poudres. « Les vignerons vivent très mal la comparaison entre le vin et le sang, on touche là à un tabou », ajoute M. Paly.
Les vignerons auront l’occasion de l’exprimer haut et fort tout au long de cette journée. Les représentants professionnels annoncent 10 000 manifestants dans plusieurs villes : Avignon, Bordeaux, Mâcon et dans le Val de Loire (Angers, Blois, Nantes et Tours). « Pour la première fois dans l’histoire de notre profession, la mosaïque que représentent les différents métiers va se retrouver totalement unie dans une action syndicale. J’espère que le ministre prendra la dimension de cet événement », a commenté hier, Denis Verdier président de la CCVF (confédération des coopératives vinicoles de France) et président du conseil de direction de l’Onivins. C’est également la première fois qu’un tel mouvement est coorganisé par la FNSEA, qui essaie aujourd’hui de réinvestir le secteur viticole.
Lors de sa première rencontre avec Dominique Bussereau, mercredi dernier, Jean-Michel Lemétayer a d’ailleurs demandé qu’une rencontre ait lieu avant Noël sur le dossier viticole. Le ministre est attendu sur le court, moyen et long terme. Les vignerons réclament à court terme plusieurs mesures, parmi lesquelles : une aide à la trésorerie de 10 000 euros, un fonds d’allégement des charges, et la revalorisation de la distillation. A moyen, long termes, les revendications portent sur l’adaptation du vignoble, une réforme de l’OCM, le soutien des entreprises à l’export et l’amendement de la loi Evin.